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samedi 21 octobre 2017

Triple couronne



Nous avons dans la région bâloise qui se paganise aujourd'hui à grande vitesse, trois monuments de la théologie : Erasme, Karl Barth et Hans Urs von Balthasar. On a beaucoup parlé de ce dernier sur KTO ces jours, et il faudrait être vraiment très savant ou prétentieux pour prétendre bien parler d'eux. Une erreur à ne pas commettre : prendre le Père Hans Urs pour un théologien thomiste-conservateur en raison des expressions de son attachement à l'Église. Il fut un vrai révolutionnaire dans son domaine.
Hans Urs von Balthasar avait écrit un petit livre sur le Rosaire, intitulé : triple couronne - le salut du mode dans la prière mariale (Le Sycomore P. Lethielleux 1978.) Il n'a pas anticipé les mystères lumineux de Jean-Paul II qui ont bouleversé le schéma du rosaire.

En ce samedi, jour de Marie, un extrait de l'introduction : 


Le chemin entre Dieu et nous est ouvert dans les deux sens : « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie » — et : « Je suis venu dans le monde comme la Lumière, afin que quiconque croit en moi ne demeure pas dans les ténèbres. » (Jn 14, 6 ; 12, 46)
Mais comment la Voie a-t-elle pu parvenir jusqu’à nous, la Lumière pénétrer jusqu’à nous, le Verbe habiter parmi nous ? Car il le fallait pour nous permettre d'aller à Dieu par une voie praticable à l'homme. Autrement, la Lumière n’aurait lui que dans les ténèbres, et celles-ci ne l’auraient pas comprise, la Lumière serait venue chez elle (car le monde appartient à Dieu) et les siens ne l’auraient pas reçue. Il fallait quelqu’un pour accueillir le Verbe, si totalement qu'il pût trouver place en un être humain, afin de s'incarner en lui, comme l’enfant dans sa mère.
Cette mère qui s’offre et s’ouvre sans réserve au Verbe de Dieu, ce n'est pas nous ! Aucun de nous ne dit à Dieu le oui sans réserve. Aussi le consentement parfait nous reste-t-il inaccessible. Et pourtant il est une des conditions requises pour que le Verbe de Dieu parvienne réellement jusqu’à nous et devienne la Voie où nous pourrons marcher. Dieu n’aurait pu se faire homme dans un cœur qui ne lui fût qu’à moitié donné. Car l’enfant est essentiellement dépendant de sa mère, il se nourrit de sa substance corporelle et spirituelle, c’est elle qui le forme à une vraie et féconde humanité. Une mère qui nous dépasse, condition requise pour que s’ouvre une voie entre Dieu et nous, n’est pas pour autant isolée, mais elle crée pour nous la possibilité de devenir à notre tour capables de dire oui, en sorte que le Verbe parvienne aussi jusqu’à nous, et nous en lui jusqu’à Dieu. « Heureux le corps qui t’a porté, le sein qui t’a nourri. Oui, heureux en vérité ceux qui entendent la parole de Dieu et qui la gardent!» (Lc 11, 27-28)
« Quiconque fait la volonté de mon Père céleste est mon frère, ma sœur, ma mère. » (Mc 3, 35)
Par son « avant » perpétuel, Marie permet notre « avec ». La communauté que Dieu, en elle, noue avec l’homme en devenant un enfant des hommes est le substrat d’une communauté qui nous relie entre nous comme enfants de Dieu et que nous appelons l’Eglise de Dieu. La Mère est le préalable permanent, le point de départ et l’accomplissement de l’Eglise, à laquelle, si nous voulons, nous pouvons appartenir en hommes qui s’acheminent vers le oui parfait et tendent à son enracinement dans toute notre vie. Ainsi nous pouvons et devons dire, nous les imparfaits, à celle qui est l'accomplie, et qui nous introduit et nous attire à sa plénitude : « Ave Maria ». Mais non pas en la séparant de son Fils : elle n'est que la réponse, il est la Parole.

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