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mercredi 30 août 2017

« Vous avez l’apparence d’hommes justes. »


30 août 2017

Mercredi, 21ème Semaine du Temps Ordinaire — Année Impaire
de la férie

Lectures de la messe

    Première lecture « En travaillant nuit et jour, nous vous avons annoncé l’Évangile de D... 1 Th 2, 9-13
    Psaume Tu me scrutes, Seigneur, et tu sais ! Ps 138 (139), 7-8, 9...
    Évangile « Vous avez l’apparence d’hommes justes. »
Le paraître et les apparences sont aujourd’hui de toute première importance. Le monde actuel raisonne en termes d’image. Suis-je le plus beau ou la plus belle en ce miroir… C’était un classique de nos enfances. Pour rentrer en dialogue avec nos contemporains, il est nécessaire nous dit-on de bien vendre sa marchandise, de bien la présenter, à commencer par le vendeur ou la vendeuse… Sous un côté c’est normal, même la personne qui vous demande une pièce à la porte des grands magasins à certaines époques, ne peut venir le faire avec nœud papillon et queue de pie.
Qui a la com, la communication, la plus efficace et la plus performante ? Cela se transforme aujourd’hui en un « qui sait le mieux manipuler une opinion et son entourage par une présentation adaptée ? » La manipulation met au centre le culte de son moi, de sa petite idole… N’est-ce pas souvent le but ? Quel est le message derrière tout cela… Suis-je détenteur de la vérité ? Communiquer le Christ et le montrer en le mettant au centre… n’est-ce pas fondamental ? Mais comment ?
Dans une réflexion sur l’"Eglise comme communion", Benoît XVI avec saint Augustin, mettait en avant la charité. Le discernement s’opère sur elle. Sur elle s’opère le jugement de Dieu. Celui qui aime, se trouve du côté « droit », et celui qui n'aime pas, est renvoyé au côté « gauche ». Sans la "caritas" rien de « bon » n'est bon. Comme preuve, Augustin réunit des messagers de l'Évangile en apparence opposés, Paul et Jacques, dans la lettre aux Galates et la lettre de saint Jacques. D'après Ga 5,6, en fin de compte, ni la circoncision ni l'absence de circoncision n'importe, mais seule la foi, opérant par la charité;  sans la charité, disait-il ailleurs, tout le reste, la foi, les oeuvres ne sont rien, ne sont que néant (1 Co 13,1-3). Paul et Jacques se rencontrent sur ce point. Avec le renvoi à la foi opérant par la charité, l'Apôtre sépare la foi qui sauve, la foi inspirée par le Pneuma, l’Esprit, de la foi qui est aussi propre aux démons, mais qui ne sauve pas (Jc 2,19). Sans la charité, selon Augustin, la foi peut, bien « être, mais non sauver ».

La Charité ne demeure pas dans les apparences, elle ne manipule pas, elle conduit vers la vérité tout entière.

mardi 29 août 2017

Le Martyre de Jean-Baptiste

Ce fut la plus jeune qui demanda la tête de Jean sur un plat.

Quelques éléments :

Dans la première lecture, le Seigneur invite Jérémie à mettre sa ceinture et à se lever pour partir au combat de la vérité. On en a de toutes sortes dans l’Ecriture, d’étoffe ou de cuir… Jérémie ailleurs s’en était acheté une précieuse et l’avait laissé pourrir sur les bords de l’Euphrate, symbole du respect de l’alliance au contact des nations. Ici, c’est plutôt une allusion à la ceinture du guerrier qui part à la guerre spirituelle avec pour toute arme, la parole de Dieu qui est vérité. Jean-Baptiste avait un vêtement de poils de chameau et une ceinture de cuir autour des reins. Il a été celui qui préparait les chemins du Seigneur, la voix qui crie dans le désert. Prêcher dans le désert, est-ce que cela peut porter du fruit ? Les foules venaient l’écouter, recherchant la parole de Dieu. C’était un temps où les pharisiens notamment avaient compris après l’occupation grecque l’importance de la formation des enfants, vrai trésor et mémoire d’Israël. Des écoles commençaient à se monter. La secte de Kumrân, montre cette estime qu’on avait de la parole de Dieu. Jean Baptiste a formé par sa parole un bon nombre de disciples pour le Seigneur… En relisant ses propos avec attention, on est étonné, les premières fois d’en retrouver littéralement, dans la bouche de Jésus lui-même.
Voilà donc que vient le moment où Jean doit lui laisser totalement la place. Nous l’avons entendu, il se fait emprisonner par Hérode, sa femme, n’avait pas apprécié ses reproches à son mariage… L’histoire de l’Eglise nous a laissé plusieurs exemples des risques encourus, lorsque l’on ose s’aventurer à quelques critiques sur ces terrains-là. Saint Colomban et Brunehaut, saint John Fischer qui y laissa la tête à cause d'Anne Boleyn. Terrain délicat donc, en cette période où Amoris Laetitia est soumis à nos réflexions.
Quel goût curieux aussi que de présenter une tête sur un plat, le tableau est tellement écœurant que l’événement ne peut qu’être réel. On le représente sur bon nombre d’icônes, de tableaux et objets d’orfèvrerie. Certains soutiennent qu’elle est à Amiens, le corps serait à Damas en Syrie.
Mais ce qui me touche particulièrement c’est aussi le symbolisme de cet mort. Jean a été celui qui annonçait la venue de l’agneau de Dieu, mais aussi de l’époux, et du roi-messie, époux d’Israël. Quel courage de défendre l’époux et une épouse légitime, de demander la sainteté… Le Christ époux de sa seule et unique Église, qu’il voulait sainte et irréprochable.

Demandons au Seigneur ce soir un amour aussi ardent que celui de Jean. Amen. 

dimanche 27 août 2017

Tu es Pierre



27 août 2017 - 21ème dimanche du Temps Ordinaire — Année A

Lectures de la messe

    Première lecture « Je mettrai sur mon épaule la clef de la maison de David » Is 22, 19-23
    Psaume Seigneur, éternel est ton amour :
    n’arrête pas l’œuvre de tes mains. Ps 137 (138), 1-2a, ...
    Deuxième lecture « Tout est de lui, et par lui, et pour lui » Rm 11, 33-36
    Évangile « Je te donnerai les clés du royaume des Cieux »

Frères et Sœurs,

Nos trois lectures mettent l’accent sur le choix de Dieu, sa sagesse insondable… et la nécessité de son action. Il faut plus que des connaissances et des capacités, aujourd’hui, nous dirions des qualifications universitaires et des certifications dans tel ou tel domaine pour le rencontrer. Un certificat n’apporte pas une solution à tout. Je ne veux bien évidemment pas minimiser le dur travail de ceux qui l’ont fourni. Mais il y a quelque chose de plus ou quelqu’un de plus avec qui il faut compter, sous peine de voir une belle construction échouer en tour de Babel.
La première lecture nous a offert l’exemple d’une prophétie d’Isaïe annonçant la destitution d’un gouverneur de Jérusalem Shevna, peut-être un étranger. Dieu a choisi Éliakim pour le remplacer. « Je mettrai sur son épaule la clef de la maison de David ». Mystérieusement, selon les interprétations figurant dans vos Bibles commentées, même ce clou bien enfoncé par Dieu finira par céder au poids de son nouvel entourage qui s’est accroché à lui. L’apocalypse reprend toutes les promesses faites à Éliakim pour les appliquer au Christ… Lui ne peut être détruit par rien.
Dans l’Évangile, sous l’inspiration de Dieu, Pierre confesse, proclame, affirme que Jésus le Fils de Dieu. « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! » Ces mots nous paraissent ordinaires, à nous qui le faisons de manière habituelle, au moins tous les dimanches. Jésus déclare à Pierre qu’il est bienheureux, parce qu’il a reçu une grâce de Dieu, une révélation qu’aucune science aucune étude n’aurait pu lui obtenir… Il a su qui est Jésus. Il n’a pas fait de descriptif après une analyse comme le ferait un médecin pour son diagnostic ou un spécialiste en psychologie. Dieu le lui a révélé, lui a ouvert une porte de communication et de communion avec Lui. Il est celui qui détient toute Sagesse et toute connaissance. Il va lui faire un don extraordinaire, celui de la clef qui ouvre cette porte, voilà encore une analogie avec la première lecture… Tout vient de Dieu, par le Christ, y compris cette fameuse clef… Ce n’est pas une porte qui s’ouvre comme certaines portes modernes, après une analyse des empreintes, de l’ADN, de la voix, de la rétine, etc… Elle s’ouvre par une action de l’Esprit-Saint. Un canal de communication  s’établit entre le ciel et la terre, grâce à la clef de la foi.
Cette clef est confiée à Pierre et à l’Église. Le passage nous rappelle une des grandes antiennes « O » du temps qui précède Noël… « O Clef de David, ô sceptre de la maison d'Israël ! qui ouvre, et nul ne peut fermer; qui ferme, et nul ne peut ouvrir : viens et tire de la prison, le captif qui est assis dans les ténèbres et dans l'ombre de la mort. »
Saint Augustin que nous fêterons demain, s’est plu à interroger et à s’interroger sur la différence qu’il y avait entre la profession de foi de Pierre et ce que disaient les démons qui avaient reconnu le Christ. Elle réside dans l’amour : « Où trouvons-nous la preuve que Pierre parlait sous l'inspiration de l'amour? A la foi du chrétien s'adjoint la charité; celle des démons en est dépourvue. Comment en est-elle dépourvue? Pierre déclarait sa foi, pour s'attacher au Christ ; les démons déclaraient la leur, pour porter le Christ à s'éloigner d'eux. » (épître aux Parthes).
Vous me permettez également de citer deux de ses interprétations célèbres  du début du passage de notre Evangile qui figure à l’intérieur de la coupole Saint Pierre : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise». Il  a dit d’abord de l’apôtre saint Pierre que « l’Eglise a été fondée sur lui comme sur la pierre; » Puis dans le livre où il corrige une partie de ses écrits, il rappelle une autre nuance. « Tu es Pierre, et sur cette pierre »… Cette pierre est Celui que Pierre a confessé en disant: « Tu es le Christ, Fils du Dieu vivant ; » de la sorte, Pierre tire son nom de cette pierre, et figure la personne de l’Eglise, qui est élevée sur elle et qui a reçu les clefs du royaume des cieux. Il ne lui a pas été dit en effet: « Tu es la pierre (petra), » mais : « Tu es Pierre (Petrus). » Autrement dit : l’Eglise, ce n’est pas Pierre tout seul. Il agit au nom de l’Eglise. Magnanime Augustin laisse la liberté d’interpréter. Il n’empêche que s’appuyer sur la foi de Pierre est fondamental, il a reçu une mission, celle de confirmer ses frères dans la foi, par un don de Dieu.
En résumé, nous aurons donc compris, d’abord que 1) Dieu choisit qui il veut, et 2) qu’il révèle à Pierre qui est le Christ. Il y a un avant et un après ce moment-là. 3) 3ème et dernier point, il reste fidèle à sa promesse : la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur l'Eglise.
L’histoire de l’Église montre à l’envi, qu’il peut s’y produire des moments particulièrement délicats de décadence, comme pour Éliakim. Hier, la chapelle a eu la visite d’un petit groupe de personnes venant notamment de la Chaise-Dieu (Casa Dei, la maison de Dieu) en Auvergne. De cette Abbaye clunisienne célèbre est sortie au 14ème siècle, un moine possédant de grandes qualités, excellent diplomate, mais pas seulement, et qui est devenu pape d’Avignon, Clément VI. Il réussit le tour de force de désigner cardinal un sien neveu,  qui avait dix-huit ans, seul de sa promotion. Il n’oublia pas les Dames de sa famille et leur fit ouvrir un compte par la « Révérende Chambre apostolique », sorte de banque ecclésiale de l’époque. L’Église a survécu et un pape est retourné à Rome.

Le Christ n’abandonne pas son Église… mais laisse parfois survenir des malheurs comme celui de la Réforme. D’un mal, il peut tirer un bien dans sa Sagesse infinie.

Notre-Dame de la Sagesse, priez pour nous. Amen.

dimanche 20 août 2017

20ème dimanche du Temps Ordinaire



20 AOÛT 2017 -  20ème dimanche du Temps Ordinaire — Année A

Lectures de la messe
Première lecture« Les étrangers, je les conduirai à ma montagne sainte »Is 56, 1.6-7
Psaume Que les peuples, Dieu, te rendent grâce ;
qu’ils te rendent grâce tous ensemble !Ps 66 (67), 2-3, 5, ...
Deuxième lecture« À l’égard d’Israël, les dons gratuits de Dieu et son appel sont sans...Rm 11, 13-15.29-32
Évangile« Femme, grande est ta foi ! »Mt 15, 21-28


Frères et Sœurs,

Nos trois lectures mettent en valeur l’importance fondamentale de la foi pour bénéficier de la miséricorde de Dieu.
Dans la première lecture le prophète Isaïe annonce que tous les peuples participeront à l’Alliance que Dieu a conclue avec son Peuple. Tous viendront prier dans sa maison et y offriront des sacrifices à Dieu qui s’est révélé. Tous seront invités à participer à l’unique sacrifice du Christ, prêtre, autel et victime.
Dans l’Evangile, le Seigneur se réfugiant dans la région de Tyr et de Sidon, à l’étranger donc, montre le chemin de cette unité, en accédant à la requête de cette Cananéenne. Elle nous émeut peut-être, et c’est mon cas à chaque fois que j’ai l’occasion de l’entendre. J’ai presque l’impression d’un écho de la parabole du juge inique. Les arrière-pensées ne sont certainement pas absente… « Seigneur, tu es tout de même dur… D’abord tu te tais.». « Cette pauvre femme qui te supplie, tu la compares à un petit chien… » Être qualifié de « chien » en Israël était une insulte. Ailleurs et aujourd’hui, aussi. Même le prix du paiement d’un chien ne pouvait être accepté pour une offrande au Temple. « Ne donnez pas aux chiens ce qui est sacré » (Mt 7,6)…  Heureusement, il reste le chien de Tobie dans l’Ecriture. La mission du Seigneur est d’aller porter d’abord son message à la maison d’Israël à laquelle il est destiné prioritairement. Mais, dans son ministère, il révèle à certaines occasions, dont celle-ci, qu’elle ne se limitera pas à elle.
La femme qui est demandeuse, et a certainement essuyé en d’autres occasions des appréciations diversifiées, aime tellement sa fille, qu’elle ne s’indigne pas… Fine mouche, elle lui fait remarquer que les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table… pas de n’importe quelle table, celles de leurs maîtres. Les joueurs d’échecs diraient : « Echec et mat », le roi est pris et l’exauce. L’intention de Jésus était certainement pédagogique, Il voulait aussi mettre à l’épreuve les sentiments des Apôtres et mettre la Cananéenne en mesure de montrer sa foi… C’était important pour les Apôtres aussi qui devraient porter l’Évangile aux nations.
Saint Bernard commentant ce passage, fait un rapprochement de cet épisode, avec le baptême qui se fait dans la foi des parents. « Qu'on ne me dise pas que celui-là n'a pas la foi, à qui sa mère communique la sienne, en l’enveloppant, pour ainsi dire, de cette foi dans le sacrement de baptême qu'elle lui donne, jusqu'à ce qu'il devienne capable de la développer et de la recevoir toute vive, non-seulement par sa propre connaissance, mais encore par son consentement. Est-ce que son manteau est trop petit pour en couvrir tous les deux en même temps. La foi de l'Église est grande. Est-elle moindre que la foi de la Cananéenne ? » (Sermon 66) Recevoir le baptême, n’est-ce pas entrer dans l’Alliance et devenir bénéficiaire de la miséricorde ? Je vous ai mentionné à l’Assomption une plante nommée manteau de Notre-Dame. C’est une occasion de la rappeler…
Saint Paul frappé par le fait que le Peuple Juif paraît difficilement réceptif à l’accueil de la Bonne Nouvelle, essaye de rendre jaloux ses frères, insistant sur le fait que les dons de Dieu sont sans repentance. La miséricorde est destinée à tous les hommes, et il ne renoncera pas. Il emploie le mot  « miséricorde » à 4 reprises. Nous n’avons cessé d’en parler en 2016, mais elle ne passe pas et n’a pas de fin jusqu’au retour du Christ. Vous avez peut-être encore en mémoire le début du message du pape François pour ces célébrations: « Jésus-Christ est le visage de la miséricorde du Père. Le mystère de la foi chrétienne est là tout entier. Devenue vivante et visible, elle atteint son sommet en Jésus de Nazareth. »
Saint Jean-Paul II nous disait à propos de cette miséricorde que : « L'homme contemporain s'interroge souvent, avec beaucoup d'anxiété, sur la solution des terribles tensions qui se sont accumulées sur le monde et qui s'enchevêtrent parmi les hommes. Parfois, il n'a pas le courage de prononcer le mot de «miséricorde», ou, dans sa conscience dépouillée de tout sens religieux, il n'en trouve pas l'équivalent, il est d'autant plus nécessaire que l'Eglise prononce ce mot, pas seulement en son propre nom, mais aussi au nom de tous les hommes de notre temps. » (Dives in Misericordia) Nous avons malheureusement pris une certaine habitude de la violence annoncée par nos médias. Nous calculons comme eux simplement le nombre de kilomètres qui nous sépare d’elle, c’est ce qu’on appelle « ratio morts / distance kilométrique ». Passé les limites des cantons voisins, comment ne pas confesser une certaine relativisation. Mais essayons-nous de prononcer au moins ce mot de miséricorde dans notre cœur ? L’Eglise n’est-ce pas nous, comme on s’est souvent appliqué à le répéter avec constance en pensant surtout à un pouvoir et une autorité. Ne sommes-nous pas surtout détenteurs d’un pouvoir sur le cœur de Dieu et sa miséricorde, comme la Cananéenne ? En faisons-nous usage ? Ne sommes-nous pas engagés par notre baptême à  être des intercesseurs, des messagers et des porteurs de cette miséricorde ?  Il ne faut pas avoir peur des silences apparents de Dieu.
N’oublions pas Marie. Ayant fêté avec ardeur son  Assomption, nous avons entendu son Magnificat, mardi. Saint Bernard nous dit d’elle : « Vous la trouvez en toute occasion pleine de grâce et de bonté, remplie de miséricorde et de douceur, rendez-en grâce à celui qui, dans son infiniment douce miséricorde, vous a donné une médiatrice telle que vous n'ayez jamais rien à redouter en elle. Après tout, elle s'est faite toute à tous, et s'est constituée, dans son immense charité, débitrice des insensés, aussi bien que des sages. Elle ouvre à tous les hommes le sein de sa miséricorde. » C’est plus que le manteau !

« Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur ! Il s’est penché sur son humble servante ; désormais, tous les âges me diront bienheureuse. Le Puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son nom ! Sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent. » Amen.

samedi 19 août 2017

Saint Bernard : homélie du dimanche dans l'Octave de l'Assomption



Demain devrait être la fête de saint Bernard de Clairvaux... Ayant eu l'insigne bonheur de contempler la relique de sa tête à Troyes ou ce qu'il en reste, impossible de le laisser discrètement passer. Lucelle le célèbre également. Dans le passage d'une homélie ci-dessous, il va nous parler de Marie vêtue du soleil et la lune sous les pieds. La lune que symbolisait-elle? L'Eglise, mais aussi l'inconstance. On ne trouve pas encore de référence à la victoire sur l'Islam.

Association Maison saint Bernard ; Oeuvres de Saint Bernard ; Association Abbaye de Clairvaux ;

Extrait de l'homélie pour le dimanche dans l'Octave de l'Assomption.

Marie… 3. N'est-ce point là la femme qui est vêtue du Soleil? Je veux bien que la suite de la prophétie montre qu'on doit entendre ces mots de l'état présent de l'Église, mais on peut aussi fort bien les appliquer à Marie. En effet, elle semble s'être revêtue d'un autre Soleil, car, de même , que le Soleil se lève indifféremment sur les bons et sur les méchants, ainsi Marie ne fait point une question de nos mérites passés; elle se montre pour tous favorable, et pour tous très-clémente ; elle enveloppe d'un immense sentiment de commisération les misères de tous les hommes. Tout défaut se trouve placé au-dessous d'elle, et, dans une sorte d'élévation très-excellente, elle dépasse toutes nos faiblesses, toute notre corruption, plus que toute autre créature, de manière qu'on peut dire avec raison que la lune est sous ses pieds. Autrement il ne semble pas que nous disions rien de bien grand, si nous plaçons la lune sous les pieds de celle dont il ne nous est pas permis de douter qu'elle est élevée au-dessus des chœurs des anges, plus haut que les séraphins, et que les chérubins. Ordinairement, la lune est le symbole, non-seulement de la corruption, mais même de la sottise, et parfois aussi de l'Église dans le temps présent; de la sottise à cause de ses phases différentes, et de l'Église, probablement parce qu'elle n'a qu'une lumière empruntée. Eh bien, s'il m'est permis de parler ainsi, je dirai que c'est la lune, entendue dans ce double sens, qui se trouve sous les pieds de Marie, mais, l'une y est d'une manière, et l'autre de l'autre. En effet, « l'insensé, est changeant comme la lune, et le sage est stable comme le soleil (Eccli. XXVII, 12). » Or, dans le soleil, la chaleur et l'éclat sont constants; la lune au contraire brille seulement, encore sa lumière est-elle changeante et incertaine, elle ne demeure jamais dans le même état. C'est donc avec bien de la raison qu'on nous représente Marie, revêtue du Soleil, puisqu'elle a pénétré l'abîme de la sagesse divine à une profondeur tout à fait incroyable, au point que, autant que cela se peut pour une simple créature, en dehors de l'union personnelle, elle semble plongée tout entière dans cette lumière inaccessible, dans ce feu qui a purifié les lèvres du Prophète ( Isa. VI, 6), et qui embrase les séraphins mêmes. C'est d'une manière bien différente, que sont les choses pour Marie; elle n'a point mérité seulement d'être effleurée par cette lumière, mais d'en être recouverte de tous côtés, d'en être enveloppée de toute part, et de s'y trouver comme au milieu du feu. Si le vêtement de cette femme est on ne peut pas plus brillant, il est aussi on ne peut point plus chaud, tout est inondé de ses incomparables rayons, et on ne peut soupçonner en cette femme rien je ne dis point de ténébreux, mais même de tant soit peu sombre et obscur, ni même rien de tiède, rien, dis-je, qui ne soit extrêmement chaud.

mardi 15 août 2017

Assomption de la Vierge Marie



15 août 2017

Assomption de la Vierge Marie
Solennité de la Vierge Marie

    Première lecture « Une Femme, ayant le soleil pour manteau et la lune sous les pieds » Ap 11, 19a ; 12, 1-6...
    Psaume Debout, à la droite du Seigneur,
    se tient la reine, toute parée d’or. Ps 44, (45), 11-12a,...
    Deuxième lecture « En premier, le Christ ; ensuite, ceux qui lui appartiennent » 1 Co 15, 20-27a
    Évangile « Le Puissant fit pour moi des merveilles : il élève les humbles » Lc

Frères et Sœurs, 

Le Magnificat que Marie nous livre au moment de la Visitation est une prophétie qui se réalise dans cet aujourd’hui qu’est l’Assomption. Aujourd’hui tout est accompli, Marie entre dans la gloire du ciel : « Il s’est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse. Le Puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son nom ! » Aujourd’hui, « Marie, l’Immaculée Mère de Dieu toujours Vierge, à la fin du cours de sa vie terrestre, a été élevée en âme et en corps à la gloire céleste. » Pie XII proclama cette règle de foi le 1er novembre 1950, mais c’est aujourd’hui. (On en voit une reproduction filmée en couleur sur la toile.)
Nous ne pouvons que nous réjouir de pouvoir célébrer ainsi Notre-Dame. Vous savez que les orientaux parlent de Dormition, ils tiennent au fait que fait Marie soit morte, à l’imitation de son Fils et ressuscitée comme lui pour être emportée corps et âme dans la gloire. Pie XII avait voulu laisser ouverte la possibilité que Marie ait été emportée directement dans la Gloire sans passer par l’étape de la mort corporelle. N’ayant été touchée d’aucune manière par le péché, elle est l’Immaculée Conception en raison d’un privilège propre, elle pouvait ne pas mourir, puisque selon la tradition la mort est la conséquence du péché des origines.
Jean Damascène fin 7ème début 8ème siècle conclut ainsi une de ses homélies sur le mystère de Marie entrant dans la gloire :
-    « Il fallait que celle qui dans l'enfantement avait gardé intacte sa virginité, conservât son corps sans corruption, même après sa mort.
-    Il fallait que celle qui avait porté petit enfant son Créateur dans son sein, vécût dans les tabernacles divins.
-    Il fallait que l'épouse que le Père s'était choisie vînt habiter au ciel la demeure nuptiale.
-    II fallait que celle qui avait contemplé son Fils en Croix et reçu alors au coeur le glaive de douleur qui l'avait épargnée dans son enfantement, le contemplât assis auprès de son Père.
-    Il fallait que la Mère de Dieu entrât en possession des biens de son Fils, et fût honorée comme Mère et servante de Dieu par toute la création. L'héritage passe toujours des parents aux enfants; ici cependant, pour emprunter l'expression d'un sage, les sources du fleuve sacré remontent vers leur origine. Car le Fils a soumis à sa mère la création tout entière. » Quel résumé extraordinaire !
Pourquoi avoir voulu proclamer ce mystère de Marie avec le dogme de l’Assomption? L’Europe et une partie du monde se relevaient d’une guerre qui restera pour toujours comme un symbole du mépris absolu de l’homme détruit scientifiquement. Elle avait coûté la vie à un grand nombre. Il fallait que tous puissent regarder vers Marie… pour raffermir leur espérance. La femme aussi allait être bousculée dans sa personnalité. Marie devait être présentée comme modèle.
Le Fils de Dieu s’était fait homme, était mort et ressuscité pour entrer dans la gloire avec son humanité. Ne fallait-il pas, par convenance spirituelle qu’il en soit de même pour une femme ?
Où est Marie ? Le Pape Benoît s’était demandé dans une de ses homélies qu’est-ce donc que le ciel où est entré Notre-Dame. Qu’est-ce que ce ciel mentionné dans la définition ? Est-ce qu’il nous concerne ? Par ce terme, dit-il, nous voulons affirmer que Dieu ne nous abandonne pas même dans la mort et au-delà de celle-ci, mais qu’il a une place pour nous et qu’il nous donne l’éternité; nous voulons affirmer qu’en Dieu, il y a une place pour nous. Nous existons en Dieu dans toute notre réalité, pas seulement comme un souvenir. Notre sérénité, notre espérance, notre paix se fondent précisément sur cela: en Dieu, dans sa pensée et dans son amour, ne survit pas seulement une «ombre» de nous-mêmes, mais en Lui, dans son amour créateur, nous sommes gardés et introduits avec toute notre vie, avec tout notre être dans l’éternité. C’est son Amour qui vainc la mort et nous donne l’éternité, et c’est cet amour que nous appelons «ciel»: Dieu est si grand qu’il a une place également pour nous. Ce n’est pas un dû, mais un don.
Que fait Marie au ciel ? Saint Jean-Paul II et le concile Vatican II nous l’ont rappelé : «Après son Assomption au ciel, son rôle dans le salut ne s'interrompt pas: par son intercession répétée, elle continue à nous obtenir les dons qui assurent notre salut éternel». Elle intercède et prie pour nous, pour l’Église, et pour le monde, comme elle avait commencé de le faire à Cana en Galilée. Marie est avec nous. «Son amour maternel la rend attentive aux frères de son Fils dont le pèlerinage n'est pas achevé, ou qui se trouvent engagés dans les périls et les épreuves, jusqu'à ce qu'ils parviennent à la patrie bienheureuse». (Redemptoris Mater.)
Son manteau est là pour les protéger… Le moyen-âge qui aimait faire référence à Notre-Dame a nommé une fleur « manteau de la Vierge ». Il est si grand qu’il recouvre tout et s’étend partout où il y a une personne humaine.

Que demander à Marie aujourd’hui ? Les motifs de prières sont innombrables… Nous lui demandons tous les jours de nous préparer une place auprès de son Fils et auprès d’elle, lorsque nous disons notre chapelet. C’est fondamental. Nous lui confions nos familles, ceux que nous aimons, nos paroisses aussi. Du plus petit qui est le plus important au plus grand sans lequel rien ne va plus. Qu’est Marie pour nous ? Notre Mère, celle qui nous précède en chemin… Mais aussi pour user de la terminologie actuelle, en quelque sorte notre assurance-vie éternelle, une sorte de garantie. Elle nous dit : tout ce que mon Fils vous a dit est vrai. Ecoutez-le dans les Ecritures, prenez avec confiance le pain de la vie éternelle. Amen.

dimanche 13 août 2017

« Vraiment, tu es le Fils de Dieu ! »



13 août 2017 - 19ème dimanche du Temps Ordinaire — Année A
Lectures de la messe
Première lecture « Tiens-toi sur la montagne devant le Seigneur » 1 R 19, 9a.11-13a
Deuxième lecture « Pour les Juifs, mes frères, je souhaiterais être anathème » Rm 9, 1-5
Évangile « Ordonne-moi de venir vers toi sur les eaux »

Frères et Sœurs,
Je ne sais pas si vous avez déjà eu l’occasion de vous trouver sur un bateau lorsqu’une tempête se déclenche… Lors d’un pèlerinage en Terre Sainte, il y a bien longtemps, je me souviens d’un jour où l’une d’elle s’était déclenchée alors que nous faisions la traversée, de quoi nous remettre en mémoire ce passage de l’Evangile et quelques autres.
Au bord du bleu Léman, devenant vert et gris sombre par gros vent, c’était tout un spectacle de voir la course des moutons sur le lac et parfois les voiliers du « bol d’or » les chevauchant, et luttant contre les éléments. Au Collège des Missions au bord du lac, c’était l’observatoire idéal.
Nous avons trois peurs dans l’Evangile, il faut donc un dernier souvenir illustratif. En parcourant quelques ouvrages de et sur le grand Winston Churchill, il y est mentionné qu’il avait vraiment eu peur de la mort, justement dans le Léman. Ayant fait trempette, la barque poussée par le vent s’était éloignée… Rejoindre le rivage ou la rattraper paraissait impossible. Angoisses que l’on devine aisément… Mais ce courageux futur soldat et chef d’Etat, téméraire même pendant la 2ème guerre mondiale, s’en était bien tiré… Heureusement pour tout le monde. Churchill, qui était agnostique ou athée, même un peu croyant dans ses bons mots, on ne sait pas trop, avait répondu bien plus tard à une question. Comment envisageait-il sa rencontre avec Dieu : “Je suis prêt à rencontrer mon Créateur. Savoir si Lui-même est préparé à cette épreuve est une autre histoire" Il l’est rassurons-nous tous… pauvres pécheurs que nous sommes.
Cette entrée en matière traduit quelques sentiments humains qui nous traversent tous. Les Apôtres ont eu vraiment peur sur le lac. Mais pourquoi le Seigneur les a-t-il laissés ainsi dans des conditions assez terribles. Pourquoi même les a-t-il envoyés, sachant ce qui allait arriver. Était-il resté tranquillement à prier dans la Montagne ? Saint Nicolas de Flüe explique qu’il y allait comme on va au combat ou à une danse. C’est un peu l’impression que donne le récit de la rencontre de Dieu dans la montagne par le prophète Elie. Dieu n’était pas dans la tempête et l’ouragan, mais dans une brise légère qu’il faut presque deviner. Pourtant, son approche s’est annoncée de manière très forte. La prière de Jésus elle-même pouvait être aussi un combat. Nous pensons au jardin des oliviers… « Que ta volonté soit faite et non la mienne ! » Accomplir cette volonté n’est pas chose facile… Pour nous hommes de peu de foi, c’est encore plus insurmontable, où est notre confiance ?
La peur est donc présente par trois fois, pour Pierre et pour les Apôtres, non dans la prière, mais bien dans l’action, d’abord en raison de la raison du phénomène naturel, de la tempête. Ensuite ils ont encore plus peur de l’événement surnaturel qu’est Jésus venant à leur rencontre sur les eaux, malgré les mots de Jésus : « Confiance, c’est moi, n’ayez plus peur. » Enfin Pierre allant sombrer, s’émeut et provoque un nouvel accès de peur, à tous les autres.
Comme eux, nous sommes pris par des peurs devant les événements. La crainte nous envahit, lorsque le secours surnaturel vient au-devant de nous par la Parole ou dans les sacrements. Nous ne croyons pas avec suffisamment de force que Jésus vient à notre secours… et enfin, si nous finissons par tenter notre chance comme Pierre, le doute nous reprend. N’est-ce pas notre lot commun, hommes et femmes de peu de foi que nous sommes.
En entendant parler saint Paul de son amour pour son peuple et sa famille selon la chair, il n’est pas difficile de voir dans nos familles humaines un des principaux terrains où ce type de peurs se manifeste. Seul l’Esprit qui fait croître et grandir le véritable amour en nous, et la confiance peut nous aider. Comment dire sans lui, à Jésus  en tout temps et dans l’adversité : « Vraiment, tu es le Fils de Dieu ! » ? Ces paroles de Pierre rejoignent celles du centurion au pied de la croix alors que le Seigneur descendait briser les portes de la mort : « Vraiment, celui-ci était Fils de Dieu ! » Mt 27, 54. Il parle au passé… En voyant Jésus après la résurrection, les apôtres vont croire à nouveau voir un fantôme comme sur le lac. Puis ils ont touché et ils ont cru. S’appuyant sur leur témoignage et le don de la foi, les martyrs l’ont fait, que ce soit Pontien ou Hippolyte, ou ceux de la 2ème guerre mondiale dont nous faisons mémoire en ces jours d’été, et ceux d’aujourd’hui.
Demandons à Notre-Dame qui va bientôt monter au ciel lors de l’Assomption de nous obtenir la grâce que grandisse en nous cette foi. Elle qui a survécu à toutes les tempêtes ne peut que nous aider à croire en celui qui est Ressuscité. Amen.

vendredi 11 août 2017

Sainte Claire, patronne de la télé


Nous fêtons sainte Claire patronne de la télé, par la grâce de Pie XII. Ces temps sont une période de restructuration et de refonte, sinon de fontes et fusions médiatiques, on ne sait plus trop si c'est de la télé, de l'internet, un journal qui a toutes les offres possibles en matière de multi-médias, une boîte de courrier électronique, un carnet d'adresse ou une réserve de musique, une bibliothèque, des jeux... On se demande même si les dirigeants des puissances nucléaires ont mis un programme de déclenchement sur leur ipad ou autre...
Une télé n'est plus une télé aujourd'hui.
Je m'interrogeais sur deux questions certainement vitales et polémiques, 1) Ne va-t-il pas y avoir une refonte des dicastères pour les saints patrons... 2) Alors que la taxe télé étend ses tentacules partout, y compris sur ceux qui ne regardent pas la télé et dans les entreprises, Sainte Claire apprécie-t-elle qu'on diminue les messes à la télé?
"On rapporte en effet qu'à Assise, une nuit de Noël, Claire, alitée dans son couvent par la maladie, entendit les chants fervents qui accompagnaient les cérémonies sacrée et vit la crèche du Divin Enfant, comme si elle était présente en personne dans l'église franciscaine."


Vie de sainte Claire et décret de Pie XII.

jeudi 10 août 2017

Saint Laurent



Une hymne ambrosienne composée par un inconnu peu après 400 se réfère à un récit connu pour célébrer saint Laurent:

“La Foi des chrétiens de Rome
a mis l’archidiacre Laurent
au même rang de sainteté que les Apôtres
pour une même couronne de martyr

Après trois jours, il reçoit l’ordre
de montrer les biens de l’Eglise:
il promet loyalement et ne refuse pas,
ajoutant une ruse à la victoire de son martyre.

‘Les vraies et durables richesses
des fidèles, ce sont assurément les pauvres’
L’avare persécuteur a la déception d’être berné
et, pour se venger, il prépare des flammes.

Le bourreau, brûlé, s’écarte,
il recule devant son propre brasier.
‘Retournez-moi, crie le martyr,

Et, quand s’est cuit, dévorez!’”

 Texte latin:
Apostolorum supparem
Laurentium archidiaconum
pari corona martyrum
Romana sacravit fides.

“Spectaculum pulcherrimum:
egena cogit agmina
inopesque monstrans praedicat:
hi sunt opes ecclesiae.

Verae piorum perpetes
inopes profecto sunt opes:
avarus illusus doler,
flaminas et ultrices parat.

Fugit perustus carnifex
suisque cedit ignibus:
versate me, martyr vocat,
vorate, si coctum est, iubet.”

mercredi 9 août 2017

Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix : Deus Caritas est

Co-patronne de l'Europe

Le témoignage d'Edith Stein et sa conversion, ne peuvent que provoquer une profonde émotion et sympathie, en tant que femme, philosophe, juive et chrétienne. Ils invitent aussi à réfléchir à deux fois, sinon trois et plus, avant de poser un jugement sur les réfugiés.

Tout pouvant trouver une explication, sinon une justification, il reste dans nos mémoires de petits suisses, cette pointe d'amertume et de mauvaise conscience, à propos d'une autorisation qui n'était pas arrivée à temps pour qu'elle puisse se réfugier au Carmel du Pâquier. J'aime beaucoup cette réflexion de Benoît XVI lors d'un angélus. Il ne limite pas le témoignage de Sainte Edith au cadre historique de la 2ème guerre mondiale : Deux Caritas est...



Angélus :  Benoît XVI le dimanche 9 août

Les saints montrent le véritable visage de Dieu et de l’homme


    Chers frères et soeurs!

    Comme dimanche dernier, aujourd’hui également, – dans le cadre de l’Année sacerdotale que nous célébrons – nous nous arrêtons pour méditer sur certains saints et saintes que la liturgie rappelle en ces jours. A l’exception de la vierge Claire d’Assise, ardente d’amour divin dans le sacrifice quotidien de la prière et de la vie commune, les autres sont des martyrs, dont deux ont été tués dans le camp de concentration d’Auschwitz:  sainte Thérèse Bénédicte de la Croix-Edith Stein qui, née de foi juive et conquise par le Christ à l’âge adulte, devint religieuse carmélite et scella son existence par le martyre; et saint Maximilien Kolbe, fils de la Pologne et de saint François d’Assise, grand apôtre de Marie Immaculée. Nous rencontrerons ensuite d’autres figures splendides de martyrs de l’Eglise de Rome, comme saint Pontien pape, saint Hippolyte prêtre et saint Laurent diacre. Quels merveilleux modèles de sainteté l’Eglise nous propose! Ces saints sont les témoins de la charité qui aime « jusqu’à la fin » et qui ne tient pas compte du mal reçu, mais le combat par le bien (cf. 1 Co 13, 4-8). On peut apprendre d’eux, en particulier les prêtres, l’héroïsme évangélique qui nous pousse, sans rien craindre, à donner la vie pour le salut des âmes. L’amour vainc la mort!

    Tous les saints, mais en particulier les martyrs, sont témoins de Dieu, qui est Amour:  Deus caritas est. Les camps de concentration nazis, comme tout camp d’extermination, peuvent être considérés comme les symboles extrêmes du mal, de l’enfer, qui se déchaîne sur la terre lorsque l’homme oublie Dieu et se substitue à Lui, lui usurpant le droit de décider de ce qui est bien et de ce qui est mal, de donner la vie et la mort. Malheureusement, ce triste phénomène n’est pas limité aux camps de concentration. Ceux-ci représentent plutôt le point culminant d’une réalité ample et diffuse, dont les limites nous échappent souvent.

Les saints, que j’ai rappelés brièvement, nous font réfléchir sur les divergences profondes qui existent entre l’humanisme athée et l’humanisme chrétien; une antithèse qui traverse toute l’histoire, mais qui à la fin du deuxième millénaire, avec le nihilisme contemporain, est arrivée à un point crucial, comme de grands intellectuels et penseurs l’ont perçu et comme les événements l’ont amplement démontré. D’une part, il y a des philosophies et des idéologies, mais également toujours plus des façons de penser et d’agir, qui exaltent la liberté comme unique principe de l’homme, en alternative à Dieu, et de cette façon transforment l’homme en un dieu, mais c’est un faux dieu, qui fait de l’arbitraire son mode de comportement. D’autre part, nous avons précisément les saints, qui, pratiquant l’Evangile de la charité, rendent raison de leur espérance; ils montrent le véritable visage de Dieu, qui est Amour, et dans le même temps, le visage authentique de l’homme, créé à l’image et ressemblance divine. 

    Chers frères et soeurs, prions la Vierge Marie, afin qu’elle nous aide tous – en premier lieu les prêtres – à être saints comme ces témoins héroïques de la foi et du dévouement jusqu’au martyre. Telle est l’unique façon d’offrir aux questions humaines et spirituelles, que suscite la crise profonde du monde contemporain, une réponse crédible et exhaustive:  celle de la charité dans la vérité.

mardi 8 août 2017

Saint Dominique

Ex-voto chapelle du Vorbourg

La liturgie nous a rendus attentifs dans la première lecture, à une conséquence de la critique et du péché de la langue. Pauvre Myriam, quelle leçon ! Elle avait critiqué Moïse son frère, pourtant le plus humble des hommes, dit l’Écriture, mais qui se laissait aussi emparer par un zèle dévorant le conduisant à des actes d’une violence extrême… Le zèle de ta maison me dévore… Dieu veut la pureté dans son temple et ce temple c’est nous. « Ce qui sort de la bouche, voilà ce qui rend l’homme impur. » nous rappelle le Seigneur dans l’Evangile, il critiquait les pharisiens qui mettaient la lumière de la parole de Dieu sous le boisseau et faisaient de leur parole, la parole de Dieu…
La parole de Dieu purifie et guérit… Elle peut blesser puis guérir… Myriam l’a été. Le mal qui l’a frappée est devenu en quelque sorte synonyme du péché, mais vous connaissez la suite.
Les fils de mon saint patron ont souvent été considérés comme des porteurs de lumière. Une tradition rapporte que la maman du futur saint Dominique de Guzmann, rêva qu’elle donnait la vie à un grand chien porteur d’une torche et qui apportait la lumière au monde. Si l’image revient dans l’hagiographie, pourquoi ne pas au moins en retenir le sens, cela ne nuit pas. A une autre occasion, on rapporte que saint Dominique à Fanjeaux, dans la région de Toulouse, jeta dans le feu ses écrits et qu’un évêque cathare fit de même. Ceux de Dominique furent épargnés et par trois fois s’élevèrent au-dessus de la flamme et furent préservés alors que ceux du cathare furent consumés. Cette épreuve, je ne vous révèle rien, se nomme ordalie. Le Père Marie-Humbert Vicaire, auteur connu d’une vie de saint Dominique qui ne l’est pas moins, dit que l’anecdote est typique. « Les dissidents n’étaient pas des intellectuels et la vérité du parchemin leur paraissait plus facile à expérimenter par l’intermédiaire d’un miracle que par la lecture ou l’étude des textes… » La procédure fait frémir lorsqu’on songe qu’elle était appliquée à des hommes. J’évite une digression sur l’inquisition dont il est heureux de distinguer l’espagnole des autres et le plus grand venait surtout du pouvoir que l’on peut qualifier de laïque ou de civil. Pour rappel les franciscains fournirent un bon nombre d’inquisiteurs, ce qu’on oublie souvent, tout comme les jésuites, malgré l’épreuve de saint Ignace (cf Père Bedouelle) Mais ce n’était pas le but de mon propos. Que devaient faire les fils de saint Dominique ? Le pape Honorius III dans un de ses documents cité par le Père Lacordaire disait d’eux : « Les frères de votre ordre, seront les champions de la foi et de vraies lumières du monde. »
La lumière n’est-ce pas d’abord la lumière du Christ annoncée dans la nuit de Pâques. Lumière de la foi  qui se transmet à tous ceux qui viennent allumer leur petit cierge… lumière de l’espérance, lumière de la charité, mais toujours lumière de la vérité. Je suis la vérité et la vie. Le Christ vient parmi nous donner la vie et nous guérir, pour nous apporter la miséricorde du Père. Le texte proposé par l’office des lectures mentionne la parfaite égalité d’esprit, mais aussi la joie et la compassion de saint Dominique.
Notre-Dame du saint Rosaire priez pour nous.



dimanche 6 août 2017

La Transfiguration - Paul VI



Extrait de l'angélus que le bienheureux Pape Paul VI aurait du prononcer le 6 août. Il partait à la rencontre du Seigneur le soir-même.


Frères et Fils très chers !

La Transfiguration du Seigneur, rappelée dans la liturgie du jour jette une lumière éblouissante sur notre vie quotidienne et nous invite à tourner notre pensée vers le destin immortel que le fait en lui-même recouvre.

Sur la cime du Thabor, le Christ dévoile pour quelques instants la splendeur de sa divinité, et se manifeste aux témoins choisis tel qu'il est réellement: le Fils de Dieu, "l'irradiation de la gloire du Père et l'empreinte de sa substance" (cf. Hb 1, 3).

Il découvre également le destin, transcendant de notre nature humaine, qu'il a assumée pour nous sauver, destinée elle aussi, parce que rachetée par son sacrifice d'amour irrévocable, à participer à la plénitude de la vie, à l'héritage des saints dans la lumière" (Col. 1, 12).

Ce corps qui se transfigure devant les yeux stupéfaits des apôtres, est le corps du Christ notre frère, mais il est aussi notre corps destiné à la gloire. Cette lumière qui l'inonde est et sera aussi notre part d'héritage et de splendeur.


Nous sommes appelés à partager une si grande gloire parce que nous sommes "participants de la nature divine" (2 Pier 1, 4). Une destinée incomparable nous attend si nous vivons loyalement notre vocation chrétienne selon les conséquences logiques des engagements de notre baptême.