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mardi 28 février 2017

Le Carnaval selon Benoît XVI


Benoît XVI : 16 Janvier : UN TEMPS POUR RIRE
L’espérance du grain de sénevé, p. 10

Il semble bien problématique d'évoquer le carnaval dans une méditation théologique, puisqu'il ne se rapporte que très indirectement au calendrier de l'année liturgique. Mais, en disant cela, ne nous révélons-nous pas un peu schizophrènes? D'un côté, nous disons très volontiers que le carnaval a tout à fait son droit de cité dans les pays catholiques ; d'un autre côté, nous voulons l'éviter pour des raisons spirituelles, et donc théologiques. Fait-il partie de ces choses qu'on ne peut accepter en tant que chrétien, mais qu'on ne peut pas non plus éviter en tant qu'homme? Mais alors, il faudrait poser la question suivante : de quelle manière le christianisme est-il authentiquement humain? Certes, le carnaval est sans aucun doute d'origine païenne : le culte de la fécondité et l'évocation des esprits y allaient de pair. L'Église devait prendre parti contre cela et prononcer l'exorcisme qui chasse les démons, eux qui subjuguent les hommes et ne les rendent pas heureux. Mais, faisant suite à l'exorcisme, voici qu'advint quelque chose de nouveau et de tout à fait inattendu : une gaieté désatanisée. Le carnaval s'est trouvé relié au Mercredi des Cendres, comme un temps de rire précédent le temps de la pénitence, comme le temps d'une joyeuse ironie à l'égard de soi-même, ironie évoquant en riant une vérité qui rejoint celle des prédicateurs de pénitence. Ainsi, le carnaval désatanisé peut orienter vers ce que disait le sage de l'Ancien Testament: « Il y a un temps pour pleurer et un temps pour rire» (Qo 3, 4).
De même, pour le chrétien, ce n'est pas toujours le temps de la pénitence. Il a aussi un temps pour rire. Certes, l'exorcisme chrétien a d'abord arraché les masques démoniaques. Mais, derrière, il a fait surgir un rire libéré. Nous savons tous combien le carnaval d'aujourd'hui s'en éloigne souvent ; et combien Mammon y règne en maître, avec ses alliés. C'est pourquoi, nous chrétiens, nous n'avons pas à lutter contre le rire, mais nous devons combattre en sa faveur. Combattre les démons, et rire avec ceux qui rient, ce sont là des choses qui vont ensemble. Le chrétien n'a pas besoin d'être schizophrène : parce que la foi chrétienne est authentiquement humaine.

dimanche 26 février 2017

Entre idoles nouvelles et anciennes. Quelle est la pire?


26 FÉVRIER 2017 -  8ème dimanche du Temps Ordinaire — Année A

PREMIÈRE LECTURE
« Moi, je ne t’oublierai pas » (Is 49, 14-15)
DEUXIÈME LECTURE
« Le Seigneur rendra manifestes les intentions des cœurs » (1 Co 4, 1-5)
ÉVANGILE
« Ne vous faites pas de souci pour demain » (Mt 6, 24-34)

Frères et Sœurs,

Je ne sais pas ce que vous pensez de notre évangile d’aujourd’hui. Le Seigneur nous demande de vivre dans la confiance en Dieu or, nous entendons tous bon nombre de refrains que l’on nous serine quotidiennement sous peine parfois des pires menaces.
Nos refrains contiennent les mots de prévision, anticipation, planification prévisionnelle, budget, assurance. Prévoir, c’est voir d’avance. Même s’il existe des réassurances, s’assurer totalement contre l’imprévisible est impossible. Il y a des limites.  Notre santé est la première. Dans l’industrie, ce sont les marchés qui n’obéissent pas. On ne peut pas tout maîtriser. Notre sagesse a appris que l’économie scientifiquement planifiée, sans liberté, aboutissait à des catastrophes : on était capable à l’Est, à une époque pas si lointaine de créer des usines de chaussures gauches, en oubliant celles des chaussures droites. C’est le signe d’une confiance absolue en l’homme… sans Dieu et en la matière, en des idoles donc.
Pourquoi donc ces appels du Seigneur apparemment étranges pris hors de leur contexte ? Ils appartiennent chez saint Matthieu au sermon sur la montagne, le discours programme de Jésus. Après les béatitudes, il a enseigné les six fameuses antithèses où il nous demande ne pas en rester à la seule justice du respect d’un commandement. Il s’agit d’aimer de tout notre cœur et d’être parfaits comme notre Père céleste. Jésus poursuit son enseignement par l’aumône et la prière, avec le Notre Père. Il a appris à ses disciples à Lui demander notre pain de chaque jour. Il souhaite que nous apprenions à vivre comme des enfants du Père qui nous voit à chaque instant et qui nous aime.
Le Seigneur nous demande la pleine confiance en lui, Il veut avoir la première place et pas seulement un petit coin que nous lui réserverions chez nous, avec interdiction de dépasser certaines limites, comme un enfant dans son parc. Il est notre Père. « Nul ne peut servir deux maîtres : ou bien il haïra l’un et aimera l’autre, ou bien il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’Argent. » Tout le reste de notre passage d’Evangile est une sorte d’illustration de la manière dont Dieu veut être aimé par-dessus tout. Il veut avoir la première place, non comme une sorte d’idole muette, mais comme une personne, un Père qui veut avoir notre pleine confiance. Il faut reconnaître que l’exercice n’est pas des plus confortables.
Le Seigneur Jésus ne nous demande pas de ne pas essayer de prévoir et de ne pas faire preuve de prudence. Il ne nous demande pas d’être présomptueux. Je crois me souvenir d’une légende entendue dans le Val d’Aoste près d’un château lors d’un pèlerinage. Une noble demoiselle voulant préserver sa vertu avait sauté d’une tour dans le vide, et elle avait été miraculeusement sauvée. Elle voulut recommencer une seconde fois, mais n’obtint malheureusement pas le résultat escompté. Il ne s’agit pas de tenter Dieu, mais de mettre en lui notre confiance. Jésus lors de sa tentation au désert nous l’a enseigné.
Serait-ce un nouvel asservissement que de partir à la recherche de Dieu ? Ne s’agit-il pas plutôt d’un profond désir qui nous habite tous, de trouver la liberté, la paix et la sécurité en rejoignant Notre Père et en nous laissant rejoindre par lui. Vous connaissez certainement un auteur russe du 19ème siècle, Dostoïevski. Dans un de ses romans les frères Karamazov, il imagine un cardinal espagnol, le Grand inquisiteur, face au Christ qu’il a capturé et qu’il interroge. Le Cardinal essaye de lui démontrer qu’avec son institution (l’Eglise romaine selon l’auteur), il apportera le bonheur aux hommes en les asservissant, en les privant de la liberté que le Christ leur avait offerte : « Ils finiront, dit-il, par comprendre que la liberté est incompatible avec le pain terrestre en abondance suffisante pour chacun, parce que jamais, jamais ils ne sauront faire le partage entre eux ! » C’est un beau cas de remplacement de Dieu par une nouvelle idole camouflée dans l’Église elle-même. C’est pire encore que les institutions purement humaines qui veulent prendre toute la place aujourd’hui. A propos avons-nous conscience que Dieu compte sur nous pour aider ceux qui en ont besoin. La propriété n'est pas un droit totalement absolu.
Etre disciple, comme saint Paul nous l’a expliqué dans la 2ème lecture, c’est nous comporter chacun comme des auxiliaires du Christ et des intendants des mystères de Dieu, non comme des propriétaires. Un auxiliaire ne se cache pas non plus derrière un masque. Il est en quelque sorte une image de celui l’envoie.  Marie notre Mère, aide-nous à être de vrais disciples de ton fils. Amen.

samedi 25 février 2017

Accueillir le Royaume comme un enfant!



ÉVANGILE
« Celui qui n’accueille pas le royaume de Dieu à la manière d’un enfant n’y entrera pas » (Mc 10, 13-16)

Nous avons comme une sorte d'automatisme en entendant cet Evangile, nous faisons une association avec sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus et sa petite voie.
Toutefois le Seigneur n'a-t-il pas eu à l'esprit sa propre enfance, l'accueil de Marie et de Joseph, puis celui des bergers et des mages ainsi que l'accueil reçu lors de la fuite en Egypte. Berlioz a composé une célèbre "Enfance du Christ" où l'on entend au final le père ismaélite qui les accueille leur dire

Vous pleurez, jeune mère.
Douces larmes, tant mieux!
Allez dormir, bon père,
Bien reposez,
Mal ne songez,
Plus d’alarmes.
Que les charmes
De l’espoir du bonheur
Rentrent en votre cœur. 

Accueillir le Royaume, ne le faisait-il pas en accueillant cette famille-là et cet enfant-là... qui était un étranger.

L'ancien pape Benoît nous invite à faire un lien entre la péricope lue aujourd'hui et l'accueil reçu à Jérusalem le jour des rameaux. Nous sommes devant une annonce de la passion. Pourquoi ne fas faire également le lien avec l'acclamation après la préface : Saint, Saint le Seigneur... Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur! Les enfants des Hébreux accueillent Jésus. Dans la liturgie nous célébrons le mystère de la mort et de la résurrection de Jésus et avec le sanctus, nous l'acclamons comme lors de son entrée à Jérusalem.


Ce qu'il entendait devient évident si nous rappelons l'épisode, rapporté par tous les évangélistes synoptiques, des enfants amenés à Jésus, « pour qu'il les caresse ». Contre la résistance des disciples qui veulent le défendre face à ce sans-gêne, Jésus appelle les enfants à lui, leur impose les mains et les bénit. Il explique ensuite ce geste par ces paroles : « Laissez les petits enfants venir à moi ; ne les empêchez pas, car c'est à leurs pareils qu'appartient le royaume de Dieu. En vérité je vous le dis: quiconque n'accueille pas le royaume de Dieu en petit enfant n'y entrera pas » (Mc 10,13-16). Pour Jésus, les enfants sont l'exemple par excellence de la nécessité d'être petits devant Dieu pour pouvoir passer à travers le « chas d'une aiguille », dont parle le récit du jeune homme riche dans le passage qui suit immédiatement (Mc 10,17-27).

Benoît XVI Jésus de Nazareth II pp 22-23.

Jésus s'identifie à l'enfant - lui-même s'est fait petit. Comme Fils il ne fait rien de lui-même, mais il agit totalement à partir du Père et en vue de lui.

D'après cela on comprend aussi la péricope suivante, où on ne parle plus des enfants, mais des « petits » et l'expression « les petits » devient même la dénomination des croyants, de la communauté des disciples de Jésus (cf. Mc 9,42). Dans la foi, ils ont trouvé cet être authentique des petits, qui ramène l'homme à sa vérité.
...L’ «Hosanna » des enfants apparaît comme une anticipation de la louange que ses « petits » lui entonneront bien au-delà de cette heure.
Par conséquent, c'est avec raison que l'Église naissante pouvait voir dans cette scène la représentation anticipée de ce qu'elle fait dans la liturgie. Dans le texte liturgique postpascal le plus ancien que nous connaissons - la Didachè, vers l'an 100 -, avant la distribution des Dons sacrés apparaît déjà l'« Hosanna » avec le « Maranatha »: « Que la grâce vienne, et que ce monde passe ! Hosanna au Dieu de David! Celui qui est saint, qu'il vienne! Celui qui ne l'est pas, qu'il se convertisse! Maranatha. Amen » (10,6).



vendredi 24 février 2017

La prohibition du divorce

 ÉVANGILE
« Ce que Dieu a uni, que personne ne le sépare ! » (Mc 10, 1-12)

Jésus reprend et conduit à sa plénitude le projet divin

61. Face à ceux qui interdisaient le mariage, le Nouveau Testament enseigne que « tout ce que Dieu a créé est bon et aucun aliment n'est à proscrire » (1Tm 4, 4)*. Le mariage est un ‘‘don’’ du Seigneur (1 Co 7, 7). En même temps, grâce à cette évaluation positive, un accent fort est mis sur la protection de ce don divin : « Que le mariage soit honoré de tous et le lit nuptial sans souillure » (He 13, 4). Ce don de Dieu inclut la sexualité : « Ne vous refusez pas l'un à l'autre » (1 Co 7, 5).

62. Les Pères synodaux ont rappelé que Jésus « se référant au dessein initial sur le couple humain, […] réaffirme l’union indissoluble entre l’homme et la femme, tout en disant qu’‘‘en raison de votre dureté de cœur, Moïse vous a permis de répudier vos femmes ; mais dès l’origine il n’en fut pas ainsi’’ (Mt 19, 8). L’indissolubilité du mariage (‘‘Ce que Dieu a uni, l’homme ne doit point le séparer’’, Mt 19, 6), ne doit pas avant tout être comprise comme un “ joug” imposé aux hommes, mais bien plutôt comme un “don” fait aux personnes unies par le mariage. […]. La condescendance divine accompagne toujours le chemin de l’homme, par sa grâce elle guérit et transforme le cœur endurci en l’orientant vers son origine, à travers le chemin de la croix. Les Évangiles font clairement ressortir l’exemple de Jésus qui […] a annoncé le message concernant la signification du mariage comme plénitude de la révélation qui permet de retrouver le projet originel de Dieu (cf. Mt 19, 3) ».[55]


63. « Jésus, qui a réconcilié toutes choses en lui, a ramené le mariage et la famille à leur forme originelle (cf. Mc 10, 1-12). La famille et le mariage ont été rachetés par le Christ (cf. Ep 5, 21-32), restaurés à l’image de la Très Sainte Trinité, mystère d’où jaillit tout amour véritable. L’alliance sponsale, inaugurée dans la création et révélée dans l’histoire du salut, reçoit la pleine révélation de sa signification dans le Christ et dans son Église. Du Christ, à travers l’Église, le mariage et la famille reçoivent la grâce nécessaire pour témoigner de l’amour de Dieu et vivre la vie de communion. L’Évangile de la famille traverse l’histoire du monde depuis la création de l’homme à l’image et à la ressemblance de Dieu (cf. Gn 1, 26-27) jusqu’à l’accomplissement du mystère de l’Alliance dans le Christ à la fin des siècles avec les noces de l’Agneau (cf. Ap 19, 9) ».[56]

La réponse donnée ici aux communautés pense aller à la racine de ces déviations en démasquant leur refus de la Création («anti-créationnisme»)- Or la gnose considère le monde créé - et donc le corps de l’homme - comme mauvais. Mais les aliments, Dieu les a créés pour qu’on les mange (Gn 2, 16 ; 9, 1-3) avec action de grâce... et le mariage fait partie de cette création que Dieu a faite bonne (Gn 1, 27-28; 2, 24).

C. Reynier M. Trimaille Les épîtres de Paul III Bayard Centurion 285-286

jeudi 23 février 2017

Saint Polycarpe


Nous fêtons saint Polycarpe.

Allez les anciens on peut annoncer l'Evangile jusqu'à ?
"Il y a quatre-vingt-six ans que je sers le Christ et il ne m’a jamais fait aucun mal. Comment pourrais-je blasphémer mon Roi et mon Sauveur ?"
Martyre de Polycarpe, 9.

Sa vie : 


Sa prière sur le bûcher

« Seigneur, Dieu tout-puissant, Père de ton enfant bien-aimé et béni, Jésus Christ, par qui nous avons reçu la connaissance de ton nom. Dieu des anges, des puissances, de toute la création et de toute la race des justes qui vivent en ta présence : je te bénis parce que tu m'as jugé digne de ce jour et de cette heure, pour que je prenne part, dans la troupe des martyrs, à la coupe de ton Christ, en vue de la résurrection du corps et de l'âme à la vie éternelle, dans l'immortalité donnée par l'Esprit Saint. Je souhaite d'être admis aujourd'hui en ta présence avec eux, comme un sacrifice riche et agréable, ainsi que tu l'avais préparé et manifesté d'avance, ainsi que tu l'as réalisé, Dieu sincère et véritable.

« Aussi je te loue pour toute chose, je te bénis, je te glorifie par le grand prêtre éternel et céleste, Jésus Christ, ton enfant bien-aimé. Par lui, gloire à toi, à lui et à l'Esprit Saint, maintenant et dans les siècles futurs. Amen. »

mercredi 22 février 2017

Fête de la chaire de Saint Pierre

BENOÎT XVI

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 22 février 2006

La Chaire de Pierre, don du Christ à son Eglise

Chers frères et soeurs!

La liturgie latine célèbre aujourd'hui la fête de la Chaire de Saint-Pierre. Il s'agit d'une tradition très ancienne, attestée à Rome dès le IV siècle, par laquelle on rend grâce à Dieu pour la mission confiée à l'Apôtre Pierre et à ses successeurs. La "chaire", en latin "cathedra", est littéralement le siège fixe de l'Evêque, placé dans l'église mère d'un diocèse, qui pour cette raison est appelée "cathédrale", et elle est le symbole de l'autorité de l'Evêque et, en particulier, de son "magistère", c'est-à-dire de l'enseignement évangélique que, en tant que Successeur des Apôtres, il est appelé à garder et à transmettre à la communauté chrétienne. Lorsque l'Evêque prend possession de l'Eglise particulière qui lui a été confiée, il s'assoit sur la chaire en portant la mitre et en tenant la crosse. De ce siège, il guidera, en tant que maître et pasteur, le chemin des fidèles dans la foi, dans l'espérance et dans la charité.

dimanche 19 février 2017

Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait


19 FÉVRIER 2017
7ème dimanche du Temps Ordinaire — Année A
Lectures de la messe
Première lecture« Tu aimeras ton prochain comme toi-même »Lv 19, 1-2.17-18
PsaumeLe Seigneur est tendresse et pitié.Ps 102 (103), 1-2, 3...
Deuxième lecture« Tout est à vous, mais vous, vous êtes au Christ, et le Christ est à...1 Co 3, 16-23
Évangile« Aimez vos ennemis »Mt 5, 38-48


Frères et Sœurs,

Nous avançons dans notre lecture du Sermon  sur la Montagne. La semaine passée, avant la lecture de la lettre de notre évêque, nous avons entendu la première partie du corps du texte. Le Seigneur en préambule disait qu’il n’était pas venu abolir, mais accomplir ce que contiennent la Loi et les Prophètes.
Mais quel programme ! Vous me le concéderez !

jeudi 16 février 2017

Soleil Levant





HYMNE : SOLEIL LEVANT
D. Rimaud — CNPL

Soleil levant
Sur ceux qui gisent dans la mort,
Tu es venu 
pour que voient ceux qui ne voient pas,
Et tu guéris l’aveugle-né.
Ô viens, Seigneur Jésus !
Lumière sur le monde ;
Que nous chantions pour ton retour :

Béni soit au nom du Seigneur 
Celui qui vient sauver son peuple ! 



mercredi 15 février 2017

Jésus guérit un aveugle


Jésus a eu de la compassion pour cet aveugle. Dans l’Évangile de saint Jean, il est dit qu’il forma de la boue avec sa salive et l’appliqua sur les yeux de cet homme. Au commencement Dieu créa l’homme à partir du limon, de la boue et lui insuffla la vie. On trouve aussi cette comparaison dans certains apocryphes contant l’enfance du Christ. L’enfant Jésus s’amuse à former des oiseaux avec de la boue, il fait des pâtés et leur insuffle la vie, les oiseaux s’envolent.
Jésus aujourd’hui rend la vue à cet homme. D’une certaine manière, il fait référence au geste du créateur dans l’Ecriture. Son geste ne peut que parler à ceux qui entendaient ce récit. Cet homme est dans l’obscurité et il est d’une certaine manière touché par une obscurité plus grande encore. Je ne sais pas si vous avez déjà vu des gens qui passent par des bains de boue involontaires et même forcés, ce n’est pas la gloire. Dans les obscurités de nos vies, nous sommes parfois approchés par le Seigneur, avec quelque chose de plus obscur encore et il nous invite à la confiance totale en lui pour nous donner définitivement la lumière.

   Le texte est riche… et nous pouvons aussi relever la recommandation de Jésus à cet homme sur le témoignage. « Ne rentre même pas dans le village. » Nous le savons il n’a pas pu s’empêcher de parler. Ce qui lui manque encore, c’est l’Esprit-Saint pour que son témoignage porte du fruit. Dans quelle mesure son témoignage à ce moment-là a-t-il été une forme d’obstacle au ministère de Jésus. Il ne vient pas pour du merveilleux et des miracles, même si nous en demandons tous quand ça mal, mais pour entrer avec nous dans l’ordinaire de nos existences pour les transformer, y compris quand tout va mal, et il peut aussi le faire avec sa croix. Ayons confiance en lui, car il est là.

mardi 14 février 2017

Saints Cyrille et Méthode


Saints Cyrille et Méthode co-patrons de l’Europe
Lettre apostolique « Egregiae Virtutis » (*)

Trad. La DOC n°1801 1er février 1981

1. En cette année où sont célébrés deux centenaires particulièrement significatifs, les pensées et les coeurs se tournent vers les figures des saints Cyrille et Méthode. Il y a en effet cent ans était publiée la lettre encyclique Grande munus (30 septembre 1880) par laquelle le grand pontife Léon XIII rappelait à toute l’Église la figure et l’activité apostolique de ces deux saints et, en même temps, en introduisait la célébration liturgique dans le calendrier de l’Église catholique (l). Cette année voyait aussi le XIe centenaire de la lettre Industriae tuae (2), envoyée par mon prédécesseur Jean VIII au prince Svatopluk en juin 880, lettre par laquelle est loué et recommandé l’usage de la langue slave dans la liturgie, afin que « dans la même langue soient proclamées les louanges et les oeuvres de Notre-Seigneur Jésus-Christ (3). »

La vie de saint Cyrille et de saint Méthode

Les frères Cyrille et Méthode, Grecs natifs de Thessalonique, la ville où a vécu et travaillé saint Paul, entrèrent, dès le début de leur vocation, en étroit rapport avec l’Église patriarcale de Constantinople, alors en pleine floraison culturelle et fertile en initiatives missionnaires, et c’est dans son université qu’ils se formèrent (4). Tous deux avaient choisi l’état religieux unissant les devoirs de la vie religieuse avec le service missionnaire dont ils donnèrent un premier témoignage en se rendant chez les Khazars de Crimée. Leur oeuvre évangélisatrice éminente fut toutefois la mission en Grande Moravie parmi les peuples qui habitaient alors la péninsule balkanique et les terres parcourues par le Danube. Elle fut entreprise à la demande du prince de Moravie, Roscislaw, demande présentée à l’empereur et à l’Église de Constantinople. Pour répondre aux nécessités de leur service apostolique parmi les peuples slaves, ils traduisirent dans leur langue les livres sacrés, en vue de la liturgie et de la catéchèse, jetant ainsi les bases de toute la littérature que ces mêmes peuples devaient développer dans leur langue. C’est justement pour cela qu’ils sont considérés non seulement comme les apôtres des Slaves, mais aussi comme les pères de la culture de tous ces peuples et de toutes ces nations, pour qui les premiers écrits dans la langue slave ne cessent d’être, pour l’histoire de leur littérature, le point fondamental de référence. Ils accomplirent leur service missionnaire en union tant avec l’Église de Constantinople par laquelle ils avaient été envoyés qu’avec le Siège romain de Pierre dont ils reçurent appui et soutien, manifestant ainsi l’unité de l’Église qui, à l’époque où ils vécurent et où ils déployèrent leur activité, n’était pas frappée du malheur de la division entre l’Orient et l’Occident, malgré les graves tensions qui, en ce temps, marquèrent les relations entre Rome et Constantinople. À Rome, Cyrille et Méthode furent accueillis par le Pape et trouvèrent dans l’Église romaine une approbation et un appui pour toute leur oeuvre apostolique, y compris pour leur innovation hardie à célébrer la liturgie dans la langue slave, innovation combattue dans certains milieux occidentaux. À Rome, le 14 février 869, Cyrille finit sa vie et fut enseveli dans l’église de Saint-Clément, tandis que Méthode fut ordonné par le Pape archevêque de l’antique siège de Sirmium et fut envoyé en Moravie continuer son oeuvre apostolique providentielle, poursuivie avec zèle et courage, avec l’aide de ses disciples au milieu de son peuple jusqu’au terme de sa vie (6 avril 885).

Co-patrons de l’Europe

2. Il y a cent ans, le Pape Léon XIII, avec l’encyclique Grande munus, rappelait à toute l’Église les extraordinaires mérites des saints Cyrille et Méthode pour leur oeuvre d’évangélisation des Slaves. Cependant, étant donné que ce centième anniversaire advient en cette année, durant laquelle l’Église commémore solennellement le 1500e anniversaire de la naissance de saint Benoît, proclamé en 1964 par mon prédécesseur vénéré, Paul VI, patron de l’Europe, il est apparu que cette protection vis-à-vis de toute l’Europe serait mieux mise en relief si, à la grande oeuvre du saint patriarche d’Occident, nous ajoutions les mérites particuliers des deux saints frères Cyrille et Méthode. De multiples raisons de nature historique, tant du passé que d’aujourd’hui, qui ont leur répondant soit théologique, soit ecclésial, soit même culturel, dans l’histoire de notre continent européen, y incitent. C’est pourquoi, avant même que ne se conclue cette année dédiée au souvenir particulier de saint Benoît, je désire qu’à l’occasion du centenaire de l’encyclique léonienne, toutes ces raisons soient mises en valeur par la présente proclamation des saints Cyrille et Méthode comme co-patrons de l’Europe.

Traits d’union entre l’Orient et l’Occident

3. L’Europe, en effet, dans son ensemble géographique, est, pour ainsi dire, le fruit de l’union de deux courants de traditions chrétiennes auxquelles s’ajoutent aussi deux formes de culture diverses, mais en même temps profondément complémentaires. Saint Benoît, dont l’influence a embrassé non seulement l’Europe, surtout occidentale et centrale, est arrivé aussi, à cause des centres bénédictins, dans les autres continents et il se trouve au centre même de ce courant qui part de Rome, du siège des successeurs de saint Pierre. Les saints frères de Thessalonique mettent en relief d’abord la contribution de l’antique culture grecque et, ensuite, l’étendue du rayonnement de l’Église de Constantinople et de la tradition orientale qui est si profondément inscrite dans la spiritualité et dans la culture de tant de peuples et de nations de la partie orientale du continent européen. Puisque aujourd’hui, depuis le IIe Concile du Vatican, après des siècles de division de l’Église entre Orient et Occident, entre Rome et Constantinople, des pas décisifs ont été faits dans la direction de la pleine communion, il semble que la proclamation des saints Cyrille et Méthode comme co-patrons de l’Europe, à côté de saint Benoît, correspond pleinement aux signes de notre temps. Et plus encore, si cela advient dans l’année durant laquelle les deux Églises, catholique et orthodoxe, sont entrées dans l’étape d’un dialogue décisif qui a commencé dans l’île-de Patmos, liée à la tradition de saint Jean apôtre et évangéliste. En conséquence, par cet acte j’entends aussi rendre mémorable une telle date. Cette proclamation veut en même temps être un témoignage pour les hommes de notre temps de la priorité donnée à l’annonce de l’Évangile, confiée par Jésus-Christ aux Églises et pour laquelle ont travaillé les deux frères apôtres des Slaves. Une telle annonce a été une voie et un moyen de connaissance réciproque et d’union entre les divers peuples de l’Europe naissante et a assuré à l’Europe d’aujourd’hui un commun patrimoine spirituel et culturel. Je souhaite donc que par la miséricorde de la Très Sainte Trinité, par l’intercession de la Mère de Dieu et de tous les saints, disparaisse ce qui divise les Églises, comme aussi ce qui divise les peuples et les nations. Je souhaite que la diversité des traditions et des cultures montre au contraire la réciproque complémentarité d’une commune richesse. Que la conscience de cette richesse spirituelle, qui par des voies diverses est devenue le patrimoine de chacune des sociétés du continent européen, aide les générations contemporaines à persévérer dans le respect réciproque des justes droits de chaque nation et dans la paix, ne cessant pas de rendre les services nécessaires au bien commun de toute l’humanité et à l’avenir de l’homme sur toute la terre. C’est pourquoi, de science certaine et après mûre délibération, par la plénitude de notre pouvoir apostolique, nous constituons et déclarons, par ces lettres et de manière perpétuelle, les saints Cyrille et Méthode co-patrons célestes auprès de Dieu de toute l’Europe, avec tous les honneurs et les privilèges liturgiques qui en découlent et qui appartiennent aux patrons principaux d’une région. Paix aux hommes de bonne volonté.

31 décembre 1980. IOANNES PAULUS PP. II


(*) Texte latin darls l’Osservatore Romano du 1er janvier. Traduction de la salle de presse du Saint-Siège. Sous-titres de la DC. (1) Léon .XIII P. M. Acta, vol. II, p. 125-127. (2) Cf. Magnae Moraviae Fontes Historici, t. III, Brno 1969, p. 197-208. (3) Op. cit. p. 207. (4) Cf. F. Grivec Constantinus et Methodius Thessalonicenses Fontes, IV Zagabriae, 1960.

dimanche 12 février 2017

500 ans de la Réforme : Une raison de célébrer ?



En excellent français, il faut le souligner :

Lettre Pastorale de Mgr Gmür

 12 février 2017 6 B dimanche du temps ordinaire, année A

Chères sœurs et chers frères,

« La Réforme fête ses 500 ans. Les réformés suisses sont de la partie ! » Cette citation est tirée d'un site internet que j'ai visité récemment. Et nous, catholiques, devons-nous aussi participer à cette célébration ?
Toute personne qui célèbre la Réforme veut mettre en évidence les développements et les acquis positifs du processus de réformation qui a débuté il y a 500 ans. Ce qu'il y a eu de nouveau et de novateur pour les contours de la foi et de la vie chrétienne est reconnu. Des réformes et un renouveau étaient nécessaires, en ce temps-là comme ils le sont aujourd'hui. Sinon, c'est la stagnation ou l'égarement qui nous menacent. La stagnation signifie que l'Eglise cesse de se purifier. Elle s'éloigne alors de son origine et des gens. Elle devient une étrangère.
La personne croyante peut rencontrer Dieu directement et librement. Les réformateurs ont fortement insisté sur ce point, car l'Eglise catholique prenait la direction de la déchéance spirituelle et morale ; elle avait effectivement besoin d'une purification. C'est Dieu qui est au centre et non les détenteurs d'un pouvoir séculier, et surtout pas ceux qui portent l'habit ecclésiastique. Cette revendication des réformateurs va tout à fait dans le sens de la 1re lettre aux Corinthiens que nous avons entendue aujourd'hui. La première place revient à Dieu avec sa sagesse (cf. 1 Co 2,7). La source de cette sagesse est le Christ lui-même. C'est pourquoi il faut évaluer tous les efforts de réforme en se demandant s'ils conduisent au Christ ou non. « Solus Christus », « le Christ seul » est un maître mot de la Réforme qui est toujours valable aujourd'hui et pour lequel nous pouvons être reconnaissants.
Les changements font partie de la vie. Les processus de réforme qui veulent revenir au Christ contiennent des correctifs nécessaires. Ils nous préservent des égarements et apportent à l'Eglise fraîcheur et vitalité. Il y a toujours eu et il y aura toujours des réformes dans l'histoire de l'Eglise. Là où elles offrent de l'espace à l'action de l'Esprit Saint en opérant un discernement intelligent et mesuré, elles purifient la communauté ecclésiale. Elles fortifient l'annonce de l'Evangile en parole et en acte. Toutefois, lorsque les fronts se durcissent, quand apparaissent des conflits qui semblent insurmontables, lorsque des partenaires de dialogue deviennent des ennemis, la lutte pour la vérité de la foi et pour la juste forme à donner à l'Eglise peut déboucher sur une division.
Les 500 ans de la Réforme représentent-ils donc une bonne raison de célébrer ? Finalement, la Réforme a tout de même conduit à une division de l'Eglise qui n'est pas encore surmontée jusqu'ici. Le deuxième Concile du Vatican porte lui-même un jugement relativement dur sur cette situation : « Il est certain qu'une telle division s'oppose ouvertement à la volonté du Christ. Elle est pour le monde un objet de scandale et elle fait obstacle à la plus sainte des causes : la prédication de l'Evangile à toute créature» (UR1). Ces mots on ne peut plus clairs me donnent à réfléchir.
On ne peut pas refaire le passé. Plusieurs divisions dans l'Eglise ont eu lieu. Devons-nous pour autant simplement en accepter les conséquences négatives, le scandale et l'obstacle qu'elles représentent pour la prédication de l'Evangile ? Non, bien au contraire. Au lieu de séparation, l'Eglise a besoin de réconciliation, elle a besoin d'unité au lieu de division. Agir en faveur de l'unité de la chrétienté est notre mission à tous. C'est un grand défi. L'accepter nous rend, à la suite du Christ, crédibles.
Il est évident qu'on ne peut pas simplement balayer les différences entre les confessions en les cachant sous le tapis. Cependant, cela ne nous avance pas non plus de cimenter les différences, de les reconnaître réciproquement et avec amitié, tout en estimant avoir ainsi déjà atteint l'unité. Qu'est-ce que je veux dire quand je parle d'unité ? Qu'est-ce que mon interlocuteur comprend par là ? Il est nécessaire de clarifier ce que signifie l'unité. L'objectif de l'œcuménisme n'en sera que plus clair lui aussi. C'est une mission qui s'adresse à la recherche en théologie et aux directions des Eglises. Mais c'est en même temps une mission qui revient à chaque baptisé, en dialogue avec les autres baptisés. L'entente dans la foi est, selon moi, un moment décisif. C'est le réformateur Martin Luther qui a dit que c'est seule la foi qui sauve. Or cela implique une même confession de foi, qui fasse autorité pour tous. On peut s'en étonner, mais ce n'est pas encore le cas partout aujourd'hui. La confession de l'Eglise comme Corps du Christ fait également partie de la confession de foi. Les Eglises catholique et orthodoxe sont fermement convaincues que l'unité doit prendre une forme visible : visible dans la confession de foi, visible dans les célébrations des sacrements, visible dans l'action caritative, visible dans les ministères et les structures de l'Eglise. Dans l'Evangile selon saint Jean, Jésus prie le Père avec ces mots : « Qu'ils parviennent à l'unité parfaite et qu'ainsi le monde puisse connaître que c'est toi qui m'as envoyé et que tu les as aimés comme tu m'as aimé » (Jn 17,23). C'est précisément pour que le monde puisse connaître cela que la visibilité est nécessaire. Pour que l'Eglise une puisse accomplir sa mission, elle doit être visible, reconnaissable comme une seule « marque », saisissable comme une seule chrétienté.
J'ai parfois l'impression que nous nous sommes bien, et même beaucoup trop bien accommodés de nos différences. La coexistence bienveillante est devenue la règle. Nous nous arrangeons bien entre nous et nous qualifions le résultat de diversité, de pluralité, de variété, d'Eglises multicolores. Cependant, nous risquons de nous obstiner dans la multiplicité et de nous y perdre. Ensuite, nous oublions que dans le concret, multiplicité signifie souvent division, et nous oublions que la division est un scandale. C'est pourquoi l'accent doit être mis sur ce qui unit vraiment. En restant dans nos différences, nous nous entendons bien, mais l'unité réconciliée fait encore défaut. Nous ne sommes pas réconciliés, parce que l'unité dans les sacrements et les ministères fait défaut. L'intégration de la diversité dans l'unique Eglise Corps du Christ est nécessaire. L'unité n'entraîne pas la restriction mais l'enrichissement, parce que ce n'est que dans l'unité que la diversité porte véritablement ses fruits. Le chemin vers cette unité est une lutte à mener, et je suis fermement convaincu que cette lutte en vaut la peine.
Qu'est-ce que cela signifie alors pour nous qui sommes catholiques ? Ben Sira nous exhorte aujourd'hui dans la première lecture à être responsables de nos actes. Dieu nous a donné à tous la liberté de participer à construire le cours de l'histoire. Tous et toutes, nous devons et nous pouvons participer activement à tracer le chemin que prend l'Eglise, en étant conscients de notre responsabilité au lieu d'être indifférents. Aucun de nous ne peut rester indifférent lorsque des chrétiens se querellent. Aucun de nous ne peut rester insensible au fait que des communautés chrétiennes différentes prient séparément et se tiennent à l'écart de leurs frères et sœurs qui appartiennent à une autre confession. Et surtout, nous ne pouvons vraiment pas rester indifférents quand, aujourd'hui encore, des chrétiennes et des chrétiens sont persécutés dans de nombreux pays. Être tous prêts à agir en communauté est le premier pas pour surmonter les différences. Que nous soyons engagés professionnellement au service de l'Eglise ou bénévoles, nous pouvons tous nous engager dans des manifestations ou des projets interconfessionnels.
La prière de Taizé est un bon exemple. Dans la louange commune de Dieu, notre centre commun devient perceptible. C'est le Christ qui nous unit les uns aux autres. Il n'est pas divisé (cf. 1 Co 1,13). A la fin de cette année, la rencontre européenne des jeunes organisée par Taizé aura lieu à Bâle. Des jeunes chrétiennes et chrétiens de différentes confessions prieront ensemble. C'est par de tels événements que nous pouvons particulièrement ressentir que nous faisons route ensemble sur de nombreux chemins. Le travail des œuvres d'entraide chrétiennes peut aussi être cité en exemple dans ce domaine. « Action de Carême » et « Pain pour le prochain » en donnent un témoignage crédible depuis des décennies.
Comment commémorer la Réforme en tant que catholiques ? Nous sommes reconnaissants pour la nouvelle impulsion qui souligne que le Christ seul signifie notre salut. Nous remercions Dieu pour les multiples témoignages de foi des chrétiennes et chrétiens réformés. Nous nous réjouissons de l'orientation radicale sur la Parole de Dieu et de la nouvelle valeur accordée au peuple de Dieu. Nous commémorons la Réforme en agissant ensemble en faveur de l'unité. Nous croyons et nous confessons notre foi ensemble. Nous souffrons aussi ensemble, parce que tout n'est pas encore possible. Et surtout, nous prions ensemble. La prière est la célébration de la miséricorde de Dieu. Dans cette perspective, non seulement nous pouvons, mais nous devons célébrer ensemble !
Bien à vous ! +Félix Gmür Evêque de Bâle

vendredi 10 février 2017

XXVe JOURNÉE MONDIALE DU MALADE

 MESSAGE DU PAPE FRANÇOIS
POUR LA XXVe JOURNÉE MONDIALE DU MALADE 2017

Émerveillement pour tout ce que Dieu accomplit :
« Le Puissant fit pour moi de grandes choses … » (Lc 1,49)

Chers frères et sœurs,

Le 11 février prochain sera célébrée, dans toute l’Église et de façon particulière à Lourdes, la XXVème Journée mondiale du malade, sur le thème : Émerveillement pour tout ce que Dieu accomplit : « Le Puissant fit pour moi de grandes choses … » (Lc 1,49). Instituée par mon prédécesseur saint Jean-Paul II en 1992, et célébrée pour la première fois justement à Lourdes le 11 février 1993, cette Journée constitue une occasion d’attention spéciale à la condition des malades et, plus généralement, de ceux qui souffrent ; et en même temps elle invite qui se prodigue en leur faveur, à commencer par les proches, les personnels de santé et les volontaires, à rendre grâce pour la vocation reçue du Seigneur d’accompagner les frères malades. En outre, cette occasion renouvelle dans l’Église la vigueur spirituelle pour développer toujours mieux cette part fondamentale de sa mission qui comprend le service envers les derniers, les infirmes, les souffrants, les exclus et les marginaux (cf. Jean-Paul II Motu proprio Dolentium hominum, 11 février 1985, n. 1). Les moments de prière, les Liturgies eucharistiques et l’Onction des malades, le partage avec les malades et les approfondissements bioéthiques et théologico-pastoraux qui auront lieu à Lourdes en ces jours offriront certainement une nouvelle et importante contribution à ce service.

Me plaçant dès à présent spirituellement près de la Grotte de Massabielle, devant l’effigie de la Vierge Immaculée, en qui le Tout-Puissant a fait de grandes choses pour la rédemption de l’humanité, je désire exprimer ma proximité à vous tous, frères et sœurs qui vivez l’expérience de la souffrance, et à vos familles ; comme aussi mon appréciation à tous ceux qui, dans leurs différents rôles et dans toutes les structures sanitaires répandues dans le monde, agissent avec compétence, responsabilité et dévouement pour votre soulagement, votre traitement et votre bien-être quotidien. Je désire vous encourager tous, malades, personnes qui souffrent, médecins, infirmières, proches, volontaires, à contempler en Marie, Salut des malades, la garante de la tendresse de Dieu pour chaque être humain et le modèle de l’abandon à sa volonté ; et à trouver toujours dans la foi, nourrie par la Parole et par les Sacrements, la force d’aimer Dieu et les frères aussi dans l’expérience de la maladie.

Comme sainte Bernadette, nous sommes sous le regard de Marie. L’humble jeune fille de Lourdes raconte que la Vierge, qu’elle a appelée “la Belle Dame”, la regardait comme on regarde une personne. Ces simples paroles décrivent la plénitude d’une relation. Bernadette, pauvre, analphabète et malade, se sent regardée par Marie comme une personne. La  Belle Dame lui parle avec grand respect, sans prendre un air supérieur. Cela nous rappelle que chaque malade est et reste toujours un être humain, et doit être traité comme tel. Les infirmes, comme les porteurs de handicaps même très lourds, ont leur inaliénable dignité et leur mission dans la vie, et ne deviennent jamais de simples objets, même si parfois ils peuvent sembler seulement passifs, mais en réalité, ce n’est jamais ainsi.

Bernadette, après être allée à la Grotte, grâce à la prière transforme sa fragilité en soutien pour les autres, grâce à l’amour devient capable d’enrichir son prochain, et surtout, elle offre sa vie pour le salut de l’humanité. Le fait que la Belle Dame lui demande de prier pour les pécheurs nous rappelle que les infirmes, les personnes qui souffrent, ne portent pas seulement en eux le désir de guérir mais aussi celui de vivre chrétiennement leur vie, en arrivant à la donner comme d’authentiques disciples missionnaires du Christ. Marie donne à Bernadette la vocation de servir les malades et l’appelle à être Sœur de la Charité, une mission qu’elle exprime dans une mesure si haute qu’elle devient un modèle auquel chaque agent de santé peut se référer. Demandons donc à l’Immaculée Conception la grâce de savoir nous mettre toujours en relation avec le malade comme avec une personne qui, certainement, a besoin d’aide, parfois aussi pour les choses les plus élémentaires, mais qui porte en elle un don personnel à partager avec les autres.

Le regard de Marie, Consolatrice des affligés, illumine le visage de l’Église dans son engagement quotidien pour les personnes dans le besoin et celles qui souffrent. Les fruits précieux de cette sollicitude de l’Église pour le monde de la souffrance et de la maladie sont un motif de remerciement au Seigneur Jésus, qui s’est fait solidaire avec nous, en obéissance à la volonté du Père et jusqu’à la mort de la croix, afin que l’humanité soit rachetée. La solidarité du Christ, Fils de Dieu né de Marie, est l’expression de la toute-puissance miséricordieuse de Dieu qui se manifeste dans notre vie – surtout quand elle est fragile, blessée, humiliée, marginalisée, souffrante – infusant en elle la force de l’espérance qui nous fait nous relever et nous soutient.

Tant de  richesse d’humanité et de foi ne doit pas être perdue, mais plutôt nous aider à nous confronter à nos faiblesses humaines et, en même temps, aux défis présents dans le monde de la santé et de la technologie. À l’occasion de la Journée Mondiale du Malade nous pouvons trouver un nouvel élan pour contribuer à la diffusion d’une culture respectueuse de la vie, de la santé et de l’environnement ; une impulsion nouvelle à lutter pour le respect de l’intégralité et de la dignité des personnes, également à travers une approche juste des questions bioéthiques, de la protection des plus faibles et de la sauvegarde de l’environnement.

À l’occasion de la XXVème Journée mondiale du Malade, je renouvelle ma proximité dans la prière et mon encouragement aux médecins, aux infirmiers, aux volontaires et à toutes les personnes consacrées engagées au service des malades et des indigents ; aux institutions ecclésiales et civiles qui œuvrent dans ce domaine ; et aux familles qui prennent soin avec amour de leurs proches malades. À tous, je souhaite d’être toujours des signes joyeux de la présence et de l’amour de Dieu, en imitant le témoignage lumineux de tant d’amis de Dieu parmi lesquels je rappelle saint Jean de Dieu et saint Camille de Lellis, patrons des hôpitaux et du personnel de santé, et sainte Mère Teresa de Calcutta, missionnaire de la tendresse de Dieu.

Frères et sœurs, tous, malades, personnels de santé et volontaires, élevons ensemble notre prière à Marie, afin que sa maternelle intercession soutienne et accompagne notre foi et nous obtienne du Christ son Fils l’espérance sur le chemin de la guérison et de la santé, le sens de la fraternité et de la responsabilité, l’engagement pour le développement humain intégral et la joie de la gratitude chaque fois qu’elle nous émerveille par sa fidélité et sa miséricorde.

O Marie, notre Mère,
qui, dans le Christ, accueille chacun de nous comme un enfant,
soutiens l’attente confiante de notre cœur,
secours-nous dans nos infirmités et nos souffrances,
guide-nous vers le Christ ton fils et notre frère,
et aide-nous à nous confier au Père qui accomplit de grandes choses.

Je vous assure tous de mon souvenir constant dans la prière et je vous adresse de grand cœur la Bénédiction apostolique.

Le 8 décembre 2016, Fête de l’Immaculée Conception.

François

Sainte Scholastique


Nous fêtons aujourd'hui Sainte Scholastique, soeur de saint Benoît. Extrait des Dialogues de saint Grégoire le Grand.

XXXIII - Le ciel vient au secours de sainte Scholastique pour empêcher saint Benoît d'interrompre un entretien.

1. Grégoire : Qui donc, Pierre, sera plus sublime en cette vie que Paul, lequel, par trois fois, pourtant, a prié le Seigneur pour être délivré de l'aiguillon dans sa chair, et cependant il ne put obtenir ce qu'il voulait ? A ce propos, il faut que je te raconte ce qui est arrivé au vénérable Père Benoît, car il y a une chose qu'il voulut faire mais qu'il ne put accomplir.

2. En effet sa sœur, qui s'appelait Scholastique, consacrée au Dieu tout-puissant depuis sa plus tendre enfance, avait pris l'habitude de venir vers lui une fois par an et l'homme de Dieu descendait vers elle, au-delà de la porte, mais pas loin, dans la propriété du monastère. Or, un certain jour, elle vint comme à l'accoutumée et son vénérable frère, accompagné de ses disciples, vint vers elle. Ils passèrent tout le jour dans les louanges de Dieu et dans de saints entretiens et, tandis que les ténèbres de la nuit commençaient à s'étendre sur la terre, ils prirent ensemble leur nourriture. Comme ils étaient encore à table et que leurs saints entretiens se prolongeaient, l'heure se faisant plus tardive, la sainte moniale, sa sœur, lui fit cette demande : "Je t'en prie, ne me laisse pas cette nuit, mais reste jusqu'au matin pour que nous puissions parler encore des délices de la vie céleste. Il lui répondit : "Que dis-tu là, ma sœur ? Passer la nuit hors de la cellule ! Je ne le puis nullement."

3. Or la sérénité du ciel était telle qu'aucun nuage n'apparaissait dans les airs, mais la sainte femme de moniale, après avoir entendu les paroles négatives de son frère, joignit ses doigts, posa les mains sur la table et elle s'inclina, la tête dans les mains, pour prier le Seigneur Tout-puissant. Comme elle relevait la tête de dessus la table, éclairs et tonnerre éclatèrent avec une telle force et l'inondation fut telle que ni le vénérable Benoît, ni les frères qui l'accompagnaient ne purent mettre le pied dehors et franchir le seuil du lieu où ils siégeaient. C'est que voilà ! La sainte moniale, en inclinant la tête dans ses mains, avait répandu sur la table des fleuves de larmes qui, dans un ciel serein, avaient attiré la pluie. Et ce n'est pas un peu plus tard, après la prière, que l'inondation s'ensuivit mais il y eut une telle concomitance entre prière et inondation qu'elle leva la tête de la table alors que le tonnerre éclatait déjà, à tel point que lever la tête et faire tomber la pluie, cela se produisit en un seul moment.

4. Alors, au milieu des éclairs, du tonnerre et de cette formidable inondation de pluie, voyant qu'il ne pouvait retourner au monastère, contrarié, il commença à se plaindre en disant : "Que le Dieu Tout-puissant te pardonne, ma soeur, qu'as-tu fait là ?" Elle lui répondit : " Eh bien, voilà ! Je t'ai prié et tu n'as pas voulu m'écouter. J'ai prié mon Seigneur et lui m'a entendu. Maintenant, si tu le peux, sors donc, abandonne-moi et retourne à ton monastère." ... Mais ne pouvant quitter l'abri du toit, lui qui n'avait pas voulu rester spontanément, demeura sur place malgré lui et ainsi se fit-il qu'il passèrent toute la nuit à veiller et que dans un échange mutuel, ils se rassasièrent de saints entretiens sur la vie spirituelle.

5. Je t'avais bien dit qu'il avait voulu une chose mais n'avait pu l'accomplir, car si nous considérons l'état d'esprit de cet homme vénérable, il est hors de doute qu'il aurait désiré ce temps serein qu'il avait eu pour descendre, mais à l'encontre de ce qu'il voulait, il se trouva confronté à un miracle sorti d'un cœur de femme avec la force du Dieu tout-puissant. Pas étonnant qu'en cette circonstance, une femme qui désirait voir longuement son frère ait prévalu sur lui. En effet, selon la parole de saint Jean : "Dieu est amour", c'est par un juste jugement que celle-là fut plus puissante qui aima davantage.

Pierre : Je l'avoue, ce que tu dis là me plaît beaucoup.

XXXIV - Montée au ciel de sainte Scholastique.

1. Or, comme le lendemain, la vénérable femme retournait à sa propre cellule, l'homme de Dieu revint au monastère. Et voici que, trois jours après, étant en cellule, levant les yeux au ciel, il vit l'âme de sa sœur, sortie de son corps, pénétrer sous la forme d'une colombe dans les secrets du ciel. Et lui, se réjouissant pour elle d'une si grande gloire, rendit grâces au Dieu Tout-puissant avec hymnes et louanges et il fit part de sa mort aux frères.

2. Puis il les dépêcha pour faire venir son corps au monastère et le placer dans la sépulture qu'il s'était préparée pour lui-même. De la sorte, il arriva que ceux dont l'esprit avait toujours été uni en Dieu sur la terre, ne furent pas séparés corporellement même dans la tombe.

mercredi 8 février 2017

Sainte Léonie Françoise de Sales Aviat




La plaque ex-voto de la sainte fondatrice
des soeurs de Soyhières a été posée dans la chapelle.

mardi 7 février 2017

Le bestiaire du Pape

Du moyen-âge à l’époque moderne
Le bestiaire du Pape
Giovanni Cerro
page 12
jeudi 2 février 2017, numéro 5



Au cours des dernières décennies, la recherche historiographique a accompli des progrès importants dans l’analyse de la riche symbologie des animaux en relation avec la papauté. Une contribution déterminante dans cette direction a été offerte par les chercheurs italiens, parmi lesquels une place importante est occupée par Agostino Paravicini Bagliani, auteur du récent ouvrage II bestiario del papa (Turin, Einaudi, 2016, 378 pp., 32,00 euros), dans lequel, à travers la relecture d’un vaste éventail de sources textuelles et iconographiques, il explore le rapport symbolique et métaphorique qui unit la papauté et les animaux, du moyen-âge à l’époque moderne.
Le lecteur est accompagné dans un parcours divisé en trois parties. Dans la première, il est question de deux figures dont la connotation symbolique semble être très ancienne, comme la colombe et le dragon, alors que dans la deuxième sont considérés les animaux traditionnellement liés à l’autoreprésentation du rôle des Souverains Pontifes, en premier le cheval et l’éléphant. La troisième, enfin, est liée au renversement parodique et polémique subi par certains de ces symboles, aussi bien dans les soi-disant prophéties papales que dans les satires nées dans le milieu protestant.
L’histoire du perroquet, dont les origines remontent au XIe siècle, est curieuse et peut-être peu connue. Dans une des Vitae de Léon IX, attribuée à Wibert de Toul, on raconte qu’un certain «rex Dalamarcie» — que l’on peut peut-être identifier avec Etienne Ier, roi de Croatie et de Dalmatie — envoya un perroquet en don au Pape, qui était non seulement en mesure de répéter la phrase «Je vais chez le Pape», mais aussi de l’appeler par son nom.
Et cela sans que personne ne le lui ait enseigné. Quand le Pape rentrait dans son appartement privé, la compagnie du perroquet l’encourageait et le réconfortait, en lui apportant un délassement par rapport à ses graves préoccupations quotidiennes.
S’il est difficile de retrouver un antécédent historique dans lequel on attribue au perroquet la fonction de consoler l’homme, dans la littérature latine existent en revanche des exemples où on lui reconnaît la capacité d’annoncer des personnages de haut rang: Martial célèbre l’habilité de ce volatile à saluer l’empereur et Macrobe raconte qu’Auguste, après la bataille d’Actium, acheta un corbeau et un perroquet qui l’avaient acclamé vainqueur et imperator.
Selon une chronique du Xe siècle, même l’empereur de Byzance avait l’habitude de se faire accompagner par un perroquet à des banquets et des cérémonies officielles. Au haut moyen-âge, l’éloquence de cet animal devient l’objet d’éloges, également dans le milieu chrétien : Théodulph d’Orléans, abbé de Fleury, le considère en mesure de rivaliser avec les muses d’Homère et le moine anonyme auteur de l’Ecbasis captivi, une parodie épique sur le monde animal, compare la voix du perroquet à la mélodie de la harpe du roi David.
Dans la Rome papale, le perroquet fait son apparition vers 1280 dans les fresques de l’aile du palais apostolique, que Niccolô III fit construire et décorer et qui prendra ensuite le nom de «Sala vecchia degli Svizzeri». Avec Boniface VIII, l’utilisation du perroquet comme motif décoratif s’intensifie, au point que dans certains tissus précieux en soie de Lucques, son blason est représenté entre des perroquets verts et que cet animal se retrouve dans beaucoup des parements qu’il donna à la cathédrale d’Anagni, sa ville natale. Au début du XVe siècle, est mentionnée pour la première fois une salle du perroquet dans le palais apostolique, dans laquelle le Pape réunissait les cardinaux en consistoires, se préparait avant de participer à des cérémonies solennelles, recevait les princes et les souverains et donnait des bénédictions.
La fonction du perroquet renvoie donc à des gestes rituels de souveraineté, qui ont pour but de séparer la sphère privée de celle publique. Ce sera avec Léon X que ce symbolisme atteindra son apogée: il suffit de penser à la représentation sur la porte de la Salle du perroquet, œuvre de Raphaël et de son école, dans laquelle Jean-Baptiste a le regard tourné vers un petit perroquet sud-américain. Il s’agit bien évidemment d’une référence au Pape comme représentant du Christ sur la terre.
On doit à Léon x non seulement l’institution d’une véritable ménagerie dans la cour du Belvédère, mais également l’introduction à la cour papale d’un éléphant blanc, don du roi du Portugal Manuel Ier. Débarqué à Rome après un voyage aventureux en bateau, accompagné par un dompteur indien et un gardien sarrasin, le pachyderme resta pendant longtemps gravé dans la mémoire des romains en raison de sa beauté et de sa majesté.
Le Pape était particulièrement attentif à la sécurité d’Hanno — tel est le nom qui fut donné à l’éléphant — et pour éviter qu’il ne se blesse les pattes, il refusa de l’envoyer à la cour des Médicis et auprès du roi de France en visite à Bologne. Si le perroquet et l’éléphant peuvent apparaître comme des animaux exotiques, un tableau plus intime et familier nous parvient de Musetta, la petite chienne de Pie II.
Selon le témoignage d’Enea Silvio Piccolomini lui-même dans ses Commentarii, la petite chienne aimait faire des bêtises. Un jour, alors que le Pape se trouvait dans un jardin où il recevait des délégations diplomatiques, elle tomba dans une citerne et fut sauvée avec difficulté; le lendemain elle fut mordue par un gros cercopithèque qui faillit la tuer. Musetta mourut une dizaine de jours plus tard en tombant de la fenêtre de la résidence papale et Pie il s’inspira de son histoire pour rappeler, avec un exemplum efficace, la vertu de la prudence.
De l’examen minutieux et original d’Agostino Paravicini Bagliani apparaît aussi bien la persistance de plusieurs animaux symboliques, qui au cours du temps ont assumé des fonctions différentes, que le caractère transitoire d’autres, qui avec la transformation des pratiques institutionnelles et politiques et des sensibilités religieuses, sont allés vers un déclin parfois soudain, parfois graduel, jusqu’à disparaître complètement.
La longue tradition du rapport entre les Papes et les animaux semble aujourd’hui avoir laissé de côté les élaborations symboliques complexes du passé, pour revêtir en revanche un connotation plus concrète, caractérisée par l’engagement et le respect pour la création, comme le démontre la récente encyclique Laudato si’ du Pape François.




dimanche 5 février 2017

Les laïcs, soyez pain et sel.


Introduction
Frères et Sœurs,
Nous célébrons le 5ème dimanche du temps ordinaire. Nous avons un bon nombre d’intentions de prières en faveur de nos malades et des souffrances que nous vivons tous. 
Mais ce matin, nous avons deux thèmes principaux, nous fêtons l’apostolat des laïcs, qui ne s’écrit pas de la même manière qu’apostolat laïque. C’est un jour de célébration et d’invitation à vivre en profondeur le baptême et à lui faire porter des fruits. En vertu de son baptême et de sa confirmation, tout chrétien est appelé à participer à la mission salvatrice de l’Église. En dehors des nombreux services que chacun peut rendre, c’est d’abord par sa vie et ses actions que l’on témoigne de sa foi. Pour aider à vivre sa foi dans le quotidien, existe un bon nombre de mouvements. En dehors de la liste officielle, on pourrait certainement ajouter les tiers-ordres religieux ou les oblatures bénédictines ou cisterciennes. 
La fête de sainte Agathe nous permet de bénir le pain et le sel. Ils l’étaient autrefois en particulier pour demander la protection du Seigneur et de la sainte contre les incendies. On sait que le voile de saint Agathe est sorti de la cathédrale lors des éruptions de l’Etna. Cela s’est produit notamment avec un bienheureux bénédictin, et archevêque de Catane, Mgr Benoît Joseph Dusmet à la fin du 19ème siècle. La lave s’était arrêtée à 300 mètres d’un village menacé. Est-ce en raison de la relation avec le supplice d’Agathe qu’il y a eu cette association avec l’Etna? Il est vrai que la folie des hommes n’a aucune limite. Pour calmer les éruptions de questions scabreuses qui m’étaient parfois posées, je me permets de rappeler qu’Agathe, la précieuse et bonne sainte Agathe est invoquée aujourd’hui aussi, par les personnes victimes d’un cancer du sein. 
Je vais procéder à cette bénédiction à la fin de la prière eucharistique une, comme cela se faisait autrefois. Il y avait aussi toute une procession avec les divers aliments apportés à l’offertoire. 
Les prémices ayant été longues, l’homélie sera brève. 
Mais quelle richesse et quels rapprochements avec les lectures d’aujourd’hui puisqu’il y est question de pain, de lumière, de sel, de sagesse et de mystère de Dieu.
Au début de cette Eucharistie, demandons au Seigneur… de venir saler, rendre sa saveur à ce sel de la terre que nous devrions être et qui s’affadi parfois.
Reconnaissons que nous sommes pécheurs.

LECTURES DE LA MESSE

PREMIÈRE LECTURE
« Ta lumière jaillira comme l’aurore » (Is 58, 7-10)

DEUXIÈME LECTURE
« Je suis venu vous annoncer le mystère du Christ crucifié » (1 Co 2, 1-5)

ÉVANGILE
« Vous êtes la lumière du monde » (Mt 5, 13-16)


Frères et Sœurs,
Vous êtes-vous déjà demandé ce que signifie le mot de laïc ?
On dit que le terme laïc vient du latin laicus qui signifie « commun, ordinaire, qui est du peuple ». Le mot grec en arrière-plan est celui de « laos » le peuple, la masse. Au XIe siècle, il donne le mot « lai » (au sens d'illettré) et s'oppose à clerc (du clergé, au sens de « savant »). Lorsqu’on parlait de frère lai dans les monastères, il s’agissait de ceux qui n’avaient pas fait d’études et étaient au service de la communauté pour les travaux manuels. Saint Benoît dans sa règle ne réservait d’ailleurs pas ces travaux à certains. Nous sommes  tous polyvalents si vous me permettez l’expression, et nous sommes tous frères. Toutefois, il est juste de reconnaître qu’il y avait une distinction entre les moines de chœur et ceux qui travaillaient aux champs, par exemple. Les cisterciens avaient voulu remettre à l’honneur la pratique du travail manuel par tous les moines.
Aujourd’hui il y a une sorte de renversement dans notre univers, les régimes dit laïques regardent un peu de haut le « religieux » qui appartient pour eux au relatif, au subjectif et au superstitieux. Sans parler d’une mentalité scientifique qui l’écarte souvent et s’en gausse. L’ignorance serait plutôt un attribut des clercs pour ces milieux.
Dans l’Eglise, laïc a plutôt une consonance juridique et je ne vous cache pas préférer celui de baptisé qui marque plus notre unité et notre sacrement commun. Le philosophe Jacques Maritain, ami de Charles Journet et proche de Paul VI, insistait beaucoup sur l’importance d’ancrer une vocation de laïc ou laïque, il préférait cette écriture, sur le baptême. Une vocation ne peut s’inscrire en opposition à quelqu’un ou quelque chose, mais doit s’enraciner en quelqu’un, ce quelqu’un est le Christ.
Quelle importance a notre baptême ? Il nous a unis au Christ. Sainte Catherine de Sienne, disait que les prêtres étaient d’autres Christ. Mais nous pourrions étendre cette image qui est plus qu’un concept à chaque baptisé. Le Christ agit parle et aime à travers nous tous. N’est-ce pas cela que nous sommes invités à approfondir ?  « Vous êtes le sel de la terre. Vous êtes la lumière du monde. »
Que se passe-t-il si nous abandonnons le Seigneur parce que nous attachons à quelqu’un d’autre ou à des activités, ou même à nos soucis ? Le sel devient fade ! Comment lui rendre de la saveur ? Le Seigneur nous dit qu’on le jette dehors et qu’il est piétiné par les gens.
« Ce que notre époque apporte de vraiment neuf, c'est cet appel à l'apostolat que le Saint-Esprit, par la voix du Pape, adresse aux laïques du monde entier. », disait Maritain il y a bien longtemps.
Entendons-nous encore cet appel ?
Nos communautés y deviennent contraintes, vous vous en rendez compte, sans la collaboration de laïcs, ce n’est plus la lutte finale, mais l’extinction des feux.
Nous ne sommes pas là d’abord pour faire des heures de travail pour un job, mais par amour du Christ. Lorsque vous faites un peu de feu dans votre cheminée de salon, si vous avez la chance d’en avoir une, ou en pique-nique, avec la prudence requise, vous avez tous fait l’expérience de faire repartir un feu. Et bien, demandons à l’Esprit de souffler pour écarter les cendres qui entourent la braise qui brûle encore.
Parfois nous nous disons : nous sommes trop vieux, basta, ça suffit…
Le pape en s’adressant au religieux le 2 février, jour de la présentation qui est notre fête, a eu une expression qui m’a plu. Il nous a demandé de rejeter la tentation de la survie, pour pouvoir prophétiser aujourd’hui et retrouver ce qui un jour a enflammé notre coeur. Rêve et prophétie ensemble.
L’attitude de survie, dit-il, nous fait devenir réactionnaires, peureux ; elle nous enferme lentement et silencieusement dans nos maisons et dans nos schémas. Il nous invite à avoir le cœur et l’attitude de Siméon et d’Anne le jour de la présentation. Nous ne sommes pas les seuls à courir ce risque, donc je vous partage aussi son invitation…

Demandons à Marie qui s’est consacrée toute sa vie au service du Seigneur, comme sa servante et aussi laïque de nous rendre disponibles au souffle de l’Esprit. Amen.

Sainte Agathe


Sainte Agathe

Le gouverneur de Palerme ou de Catane convoitait Agathe en 251 et, malgré une entremetteuse, il ne parvint pas à la persuader de céder à sa passion. Les bourreaux rivalisèrent de sadisme pour la vaincre. La statue présente dans la chapelle en donne un témoignage. Elle garda jusqu'à la mort la pureté qu'elle avait vouée au seul Christ. Elle y gagna sa place dans le canon romain de la Prière Eucharistique avec sainte Lucie, sainte Agnès et sainte Cécile. On a conservé des actes de son martyre. Le voile de Sainte Agathe est amené en procession sur les lieux du danger lors des éruptions de l’Etna. Le bienheureux Benoît Joseph Dusmet bénédictin et archevêque de Catane l’avait fait avec succès en 1886. La lave s’était arrêtée à quelques mètres du village de Nicosi. Selon la tradition notre sainte protège contre les incendies. Le petit village de Chevenez donnait un jour de congé aux enfants des écoles lors de la Sainte Agathe. Le village l’avait promis à la Sainte lors d’un incendie. Il avait pu être préservé.

Le pain et le sel sont régulièrement bénis lors de la fête de Sainte Agathe.  Certains conservent le pain béni en cette occasion à cette fin.

Le pain et le sel sont offerts encore en certaines régions en symbole de bienvenue. Le pain n’a plus l’importance d’autrefois, où il constituait la nourriture de base. Un rappel de son importance pour la liturgie n’est pas à faire puisque nous venons de la célébrer selon ce que le Seigneur nous a demandé. Nous pouvons rappeler que le sel a son importance pour la santé, et pas seulement pour les routes. Il en faut pour l’homme pour la transmission du flux nerveux  et pour le bétail, mais modérément, sinon il a des conséquences fâcheuses. La tradition veut que le sel béni soit utilisé pour la préservation des incendies. Dans certaines régions on ajoutait du sel au fourrage pour l’empêcher de fermenter et le le développement des moisissures. Pour être à la page écologique, il est intéressant de mentionner aujourd’hui qu’il est utilisé dans les centrales solaires. Parvenu à l’état liquide, il rend sa chaleur pour produire de l’électricité.
On ne l'utilisera qu'avec parcimonie pour dégeler routes et trottoirs, par souci de préserver la nature.
Elle est invoquée contre le cancer du sein ; Paroisse Sainte Agathe; Introibo ; Acta sanctorum Février volume II p. 599 ;


Seigneur Jésus-Christ, Fils du Dieu vivant, qui êtes le Pain vivant qui est descendu du ciel, bénis†sez & sancti†fiez ces pains, ces fruits, ces cierges, cette eau, ce vin, cette huile et ces autres dons ici déposés en l’honneur de la Bienheureuse Agathe, Vierge & Martyre, afin qu’en quelque lieu où il seront envoyés ou posés contre un feu consumant, qu’aussitôt ce feu s’évanouisse et s’éteigne tout à fait. Vous qui vivez & régnez, avec Dieu le Père en l’unité du Saint-Esprit, Dieu pour les siècles des siècles.

Que la bénédiction de Dieu tout-puissant, Pè†re, & Fi†ls, & Saint†Esprit, par l’intercession de la Bienheureuse Agathe Vierge & Martyre, descende & demeure sur ces pains, et sur tous ceux qui y goûteront.


BÉNÉDICTION DU PAIN ET DU SEL
Tu es béni, Seigneur notre Dieu, créateur du ciel et de la terre, Père de tous les hommes,
et nous te rendons gloire pour ta bonté et ta providence à notre égard;
Bénis ce pain et ce sel que nous te présentons
en l'honneur de Sainte Agathe,
et accorde à tous ceux qui en mangeront
la santé du corps et la croissance dans ton amour.
Béni sois-tu, Seigneur notre Dieu.
maintenant et pour les siècles des siècles. 

mercredi 1 février 2017

« D’où cela lui vient-il ?»


Evangile du Jour : « Un prophète n’est méprisé que dans son pays » (Mc 6, 1-6)

La question sur le « d'où est-il » de Jésus, comme question sur son origine profonde et donc sur sa vraie nature, émerge en (certains) points de l'Evangile de Jean et est également importante dans les Evangiles synoptiques. Chez Jean comme chez les synoptiques, elle se trouve en un étrange paradoxe. D'un côté, contre Jésus et sa prétention de mission, parle le fait qu'on s'est renseigné de façon précise sur son origine : il ne vient pas du ciel, du « Père », « d'en haut », comme il le soutient (Jn 8, 23). Non : « Celui-là, n'est-il pas Jésus, le fils de Joseph, dont nous connaissons le père et la mère ? Comment peut-il dire maintenant : "Je suis descendu du ciel" ? » (Jn 6, 42). Les synoptiques rapportent une discussion très similaire dans la synagogue de Nazareth, le village de Jésus. Jésus avait interprété les paroles de la Sainte Ecriture non d'une manière habituelle, mais, avec une autorité qui dépassait les limites de toute interprétation, il les avait rapportées à lui-même et à sa mission (cf. Lc 4, 21). Les auditeurs - bien naturellement - s'effraient de ce rapport avec l'Ecriture, de sa prétention à être lui-même le point d'intersection de référence et la clé d'interprétation des paroles sacrées. La frayeur se transforme en opposition : « "Celui-là n'est-il pas le charpentier, le fils de Marie, le frère de Jacques, de Joset, de Jude et de Simon ? Et ses sœurs ne sont-elles pas ici chez nous ?" Et ils étaient choqués à son sujet » (Mc 6, 3).
À Césarée de Philippe, Jésus interrogera ses disciples en disant : «Qui suis-je au dire des gens? [...] Mais pour vous, qui suis-je ? » (Mc 8, 27 sq.). Qui est Jésus ? D'où vient-il ? Les deux questions sont inséparables.

Le but des quatre Évangiles est de répondre à ces questions. Ils ont été écrits justement pour leur donner une réponse. …

Joseph Ratzinger L'Enfance de Jésus pp.11-13