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mercredi 30 novembre 2016

Fête de Saint André


L'Apôtre saint André aurait été martyrisé dans l'île de Patras. Comme Pierre il fut crucifié et ne se jugea pas digne de mourir sur le même type de croix que celle de Jésus, d'où la croix de saint André.
Elle fait partie des signaux de la circulation routière *, mais ce n'est qu'une anecdote qui peut toutefois nous inviter à la prudence. Elle est aussi le drapeau de l'Ecosse, qui serait un des plus anciens du monde encore en usage, selon la "vérité" Wikipedia.
Nous trouvons une notice sur le saint Apôtre chez nominis.cef.fr ou encore sur l'encyclopédie en ligne.

Pris d'une certaine curiosité, je m'étais demandé il y a quelques jours pourquoi le nom d'André figurait en troisième position sur la liste des Apôtres du canon romain (prière eucharistique I). S'agissait-il d'une allusion au siège de Constantinople étant donné qu'il y figure après celui des saints Pierre Paul.

Le dictionnaire de théologie catholique (DTC) nous indique simplement ceci :
Viennent ensuite les noms des douze apôtres et l’on a remarqué qu’ils sont rangés dans un ordre qui n’est point celui de l’édition Vulgate des Évangiles. On en tire cette conclusion que cette partie du canon est antérieure au travail de saint Jérôme qui a remis en ordre le texte des Évangiles en le corrigeant sur les exemplaires grecs. Cf. Martigny,Dictionnaire des antiquités chrétiennes, art. Canon de la messe. 

Saint André étant le saint protecteur de Constantinople, pourquoi ses reliques se retrouvèrent-elles à Rome et Amalfi?

En 357, par décision de l’empereur Constance II, la croix ainsi que les reliques du corps de saint André furent enlevés de Patras pour être déposés dans l’église des Saints-Apôtre de Constantinople. Ils y restèrent jusqu’au IXème siècle où l’empereur byzantin organisa leur retour partiel à Patras. Prise par les Ottomans en 1460, Thomas Paléologue, despote de Morée parvint toutefois à récupérer le chef & la croix de saint André et à les remettre en 1462 au Pape Pie II qui les déposa dans la basilique du Vatican, rejoignant ainsi les reliques de son frère Simon Pierre. La cathédrale d’Amalfi, dont saint André est le patron, conserve le reste du corps de l’apôtre, "récupéré" des byzantins. En 1964, le Pape Paul VI offrit ces précieuses reliques que sont le chef et la croix de saint André à l’Eglise orthodoxe de Grèce et elles furent déposées dans la cathédrale Saint-André de Patras, dédicacée en 1974. (source : schola Sainte-Cécile)


Bref Apostolique de S.S. le pape Paul VI donné, le 26 septembre 1964, à l’occasion du retour à Patras des reliques de l'Apôtre Saint André


Paul VI, Pape, serviteur des serviteurs de Dieu, est heureux de restituer à l’église de Patras le chef de l'apôtre saint André qui, transféré du Péloponèse, fut autrefois saintement reçu par son prédécesseur, le Pape Pie II, qui le porta de ses propres mains à Rome où il fut déposé dans la basilique qui s'honore du nom et du tombeau de saint Pierre. Il se réjouit que soit maintenant accompli ce que ce même prédécesseur sur la Chaire de saint Pierre avait dit à cette occasion et d’une façon prophétique au sujet de cette précieuse relique : « Tu reviendras glorieusement dans ta patrie lorsque Dieu le voudra. On pourra dire alors : O heureux exil qui fait revenir un tel secours ! » La divine Providence a voulu que cela se réalise à notre époque où des hommes de bonne volonté s’efforcent de faire briller un espoir de paix et de concorde entre les communautés chrétiennes après l’aigreur causée par la séparation.
Tandis donc que ce vénérable chef revient en son lieu primitif, le même évêque de l’Eglise catholique, successeur de Pierre, fait cette prière : Saint André, héros du Christ notre Dieu, toi qui fus le premier appelé et qui as appelé-Simon, ton frère, toi qui, associé à sa haute tâche, fus son compagnon parmi les disciples du Maître, son associé dans l'apostolat, son émule dans le martyre, intercède pour que cette noble relique de toi, après avoir trouvé refuge auprès du tombeau de ton frère, soit un gage et un élément de fraternité dans un même amour du Christ, une même foi en Lui et dans la charité mutuelle. Cette relique revient dans sa patrie où tu as subi ton glorieux martyre, mais que dès maintenant elle soit en quelque sorte citoyenne d'honneur de la ville de Pierre et qu’un même amour unisse ces deux cités.
Donné à Rome, auprès de saint Pierre,
le 26 septembre 1964,

Paul VI, Pape.


* Signal de priorité « Croix de St-André double »
La « Croix de St-André simple » sert à indiquer les passages à niveau
où la ligne n’a qu’une voie, la « Croix de St-André double »
ceux où la ligne a plusieurs voies.

dimanche 27 novembre 2016

Joyeux avènement



27 novembre 2016
1er Dimanche de l'Avent 
1ère lecture : Le Seigneur rassemble toutes les nations dans la paix éternelle du royaume de Dieu (Is 2, 1-5)
2ème lecture : « Le salut est plus près de nous » (Rm 13, 11-14a)
Evangile : Veillez pour être prêts (Mt 24, 37-44)

Frères et Sœurs,

Joyeux avènement, Felix adventus, donc… Vous me permettez un rappel didactique avant notre méditation. Nous avons déjà entendu à plusieurs reprises que le mot Avent vient d’une coutume romaine qui célébrait l’entrée en fonction de l’empereur, ou sa première venue dans une grande ville qu’il n’avait pas visitée. On retrouve cet événement sur des monnaies de l’époque et pourquoi ne pas tirer ce symbole vers la couronne de l’Avent, il ne fait en tout cas pas de mal. Nous attendons la venue du Christ. Elle nous rappellera déjà que c’est un pasteur réformé qui est à l’origine de cette coutume. Elle est une invitation à prier pour l’Unité.
Dans la liturgie trois avènements du Christ sont célébrés durant cette période. Il ne s’agit pas simplement de l’attente de Jésus à Noël. Ce sera le retour de la lumière, du soleil invaincu et la bonté de Dieu qui nous est manifestée. Dom Guéranger nous en parle. Il fut le fondateur de l’Abbaye de Solesmes, célèbre pour sa liturgie et le chant Grégorien. Pour les amateurs de géographie, elle est située à proximité de Sablé-sur-Sarthe, dans le département de la Sarthe et célèbre pour ses 24 heures du Mans aussi.
Revenons à la liturgie. Ainsi s’exprime dom Guéranger : « Le mystère de l’Avènement de Jésus-Christ est à la fois simple et triple. Il est simple, car c’est le même Fils de Dieu qui vient ; triple, car il vient en trois temps et de trois manières. » Quels sont ces trois avènements ? le 1er, c’est la venue du Christ en notre chair ; le 2ème, la venue du Christ en nos âmes ; le 3ème la venue du Christ au dernier jour. A l’écoute de l’Evangile d’aujourd’hui, vous aurez compris que nous célébrons ce dernier avènement et qu’en quelque sorte nous remontons le temps.



Jésus nous exhorte à la vigilance, à veiller, être des veilleurs, des « Grégoire », pour le retour du Fils de l’Homme, la Parousie. Il prend l’exemple de Noé et du déluge. Il a été sauvé parce qu’il a été attentif à la voix de Dieu, à l’Esprit symbolisé par la colombe. Noé avait gardé une oreille attentive aux avertissements et aux invitations du Seigneur à construire son arche, en prévision du déluge, le mot en grec nous a donné celui de cataclysme.
Jésus utilise aussi l’exemple des voleurs, ces perce-murailles d’hier et d’aujourd’hui. Dans le but d’une actualisation, pourquoi ne pas relier ce que nous dit Jésus aux avertissements que nous donne régulièrement la police lorsque les jours se font plus courts ? Il nous invite à être spirituellement sur nos gardes et attentifs.
Jean Chrysostome qui a vécu dans la 2ème moitié du 4ème siècle et au tout début du 5ème, interprète ces menaces en disant que le Seigneur veut alerter les plus endurcis. Il n’ignore pas quand viendra ce jour. Si les hommes savaient précisément le jour de leur mort, dit-il, ils s’y prépareraient sans doute avec grand soin, mais pour les tenir continuellement dans une crainte qui leur est si utile. Il ne donne pas de date, afin qu’en l’attendant à toute heure, nous soyons dans une perpétuelle vigilance.
Parfois, il patiente longtemps et envoie même 3 papes, comme auprès du vieux dictateur nonagénaire décédé vendredi soir.
Pourquoi tout cela ? Parce qu’il veut que tous les hommes soient sauvés.
Pourquoi sortir de notre sommeil, selon la formule de saint Paul ? Pour monter à la maison du Seigneur, vers la cité sainte…
Le Seigneur ne veut pas que nous laissions s’assoupir notre espérance…
Mais les motifs de stimuler notre espérance d’aujourd’hui sont-ils les mêmes que ceux d’hier ? Notre espérance est-elle la messe ? Oui puisqu’il s’agit du Christ. L’ancien pape Benoît rappelait dans son encyclique sur l’espérance (Spe Salvi) qu’au temps de saint Augustin, devant un empire qui se fragilisait, suite à l’émergence de peuples nouveaux, le devoir du pasteur était d’ancrer l’espérance solidement, à une base sûre, à ce rocher qu’est le Christ. Il s'agissait de fortifier le fondement véritablement porteur de cette communauté de vie et de paix, afin de pouvoir survivre au milieu des mutations du monde. N’y a-t-il pas des analogies avec ce que nous vivons aujourd’hui où les changements se produisent non seulement avec les nouveaux arrivants, mais aussi dans la culture, l’évolution de la technologie, l’automatisation, la quatrième révolution industrielle qui s'appuie sur les technologies numériques... Notre « paradis terrestre » s’en trouve déstabilisé et nous sommes à la recherche de quelque chose de sûr.
Nous ne pouvons avoir d’espérance sûre que si nous connaissons Dieu. Or, le Seigneur vient bientôt… nous dit l’Ecriture. Il nous invite à veiller, à nous préparer.
Ce n'est pas la science qui rachète l'homme, disait Benoît XVI. L'homme est racheté par l'amour. Cela vaut déjà dans le domaine purement humain. Lorsque quelqu'un, dans sa vie, fait l'expérience d'un grand amour, il s'agit d'un moment de « rédemption » qui donne un sens nouveau à sa vie… Un amour humain peut être détruit par la mort. L'être humain a besoin de l'amour inconditionnel. Il a besoin de la certitude qui lui fait dire: « Ni la mort ni la vie, ni les esprits ni les puissances, ni le présent ni l'avenir, ni les astres, ni les cieux, ni les abîmes, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu qui est en Jésus Christ » (Rm 8, 38-39). Nous pourrions ajouter ni la technologie…
Qui est-ce qui revient bientôt ? L’amour de Dieu qui est Jésus Christ.
Je crois que nous pouvons en rester là tout est dit, que ce temps de l’espérance du salut dans le Christ qui vient, soit un temps de joyeuse espérance, se fortifiant dans la prière école de l'espérance.

Sainte Marie, Mère de Dieu, notre Mère, Mère de l’espérance, enseigne-nous à croire, à espérer et à aimer avec toi. Indique-nous le chemin vers son règne! Étoile de la mer, brille sur nous et conduis-nous sur notre route! Amen.

samedi 26 novembre 2016

Saint Sylvestre



La Saint Sylvestre? Oui, d'une certaine façon.
Les circonstances font qu'en ce dernier jour de l'année liturgique, nous fassions mémoire d'un saint qui porte le même nom que celui qui clôt l'année civile. Le fait est suffisamment rare pour le mentionner. Saint Sylvestre Guzzolini (1177-1267) vécut à l'époque de saint François d'Assise. L'ordre monastique qu'il fonda appartient à la Confédération bénédictine.
Biographie :

Marie Reine de l'Univers



Dernier jour de l'année liturgique :

Saint Jean-Paul II Redemptoris Mater :

A l'exaltation de la «fille de Sion par excellence» dans son Assomption au ciel est lié le mystère de sa gloire éternelle. La Mère du Christ est en effet glorifiée comme «Reine de l'univers» . Celle qui s'est déclarée «servante du Seigneur» à l'Annonciation est restée, durant toute sa vie terrestre, fidèle à ce que ce nom exprime, se confirmant ainsi véritable «disciple» du Christ, qui avait fortement souligné le caractère de service de sa mission: le Fils de l'homme «n'est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour une multitude» (Mt 20, 28). C'est pourquoi Marie est devenue la première de ceux qui, «servant le Christ également dans les autres, conduisent leurs frères, dans l'humilité et la patience, jusqu'au Roi dont on peut dire que le servir, c'est régner», et elle a pleinement atteint cet «état de liberté royale» qui est propre aux disciples du Christ: servir, ce qui veut dire régner!

jeudi 24 novembre 2016

Misericordia et Misera : de la tristesse à la joie



3. Que de joie a ainsi jailli du cœur de ces deux femmes, l’adultère et la pécheresse ! Le pardon les a fait se sentir enfin libres et heureuses comme jamais auparavant. Les larmes de la honte et de la douleur se sont transformées en sourire de celle qui se sait aimée. La miséricorde suscite la joie, car le cœur s’ouvre à l’espérance d’une vie nouvelle. La joie du pardon est indicible, mais elle transparait en nous chaque fois que nous en faisons l’expérience. L’amour avec lequel Dieu vient à notre rencontre en est l’origine, brisant le cercle d’égoïsme qui nous entoure, pour faire de nous, à notre tour, des instruments de miséricorde.

Comme sont riches de sens également pour nous les paroles anciennes qui guidaient les premiers chrétiens : « Revêts-toi donc de la joie qui plaît toujours à Dieu et qu'il accueille favorablement : fais-en tes délices. Tout homme joyeux fait le bien, pense le bien et méprise la tristesse […] Ils vivront pour Dieu, ceux qui rejetteront loin d'eux la tristesse et se revêtiront de la seule joie »[2]. Faire l’expérience de la miséricorde donne de la joie. Ne laissons pas nos afflictions et nos préoccupations l’éloigner de nous. Qu’elle demeure bien enracinée dans notre cœur et nous fasse toujours considérer notre vie quotidienne avec sérénité.


Dans une culture souvent dominée par la technique, les formes de tristesse et de solitude où tombent tant de personnes et aussi tant de jeunes, semblent se multiplier. L’avenir semble être l’otage de l’incertitude qui ne permet pas la stabilité. C’est ainsi qu’apparaissent souvent des sentiments de mélancolie, de tristesse et d’ennui, qui peu à peu peuvent conduire au désespoir. Nous avons besoin de témoins d’espérance et de véritable joie, pour chasser les chimères qui promettent un bonheur facile fait de paradis artificiels. Le vide profond ressenti par beaucoup peut être comblé par l’espérance que nous portons dans le cœur et par la joie qui en découle. Nous avons tant besoin de reconnaître la joie qui se révèle dans un cœur touché par la miséricorde. Tirons donc profit de ces paroles de l’Apôtre : « Soyez toujours dans la joie du Seigneur » (Ph 4,4 ; cf. 1 Th 5,16).

Les saints Martyrs du Vietnam


Les saints Martyrs du Vietnam... 117 sont nommés alors qu'entre le XVIIIe et le XIXe siècles, entre 130 000 et 300 000 catholiques ont été tués pour leur foi.
11 Dominique dans la liste!
Nous pouvons aussi nous souvenir de tous ceux qui ont perdu la vie durant la sinistre guerre contre le régime communiste et de l'église au Vietnam, toujours persécutée mais dont le nombre de vocations sacerdotales est impressionnant. Un peu le contraire de la France aujourd'hui et de nos régions qui "s'habituent" et gèrent la descente.
https://fr.wikipedia.org/ ; http://www.vatican.va/
https://www.tumblr.com/
https://www.cath.ch/

lundi 21 novembre 2016

MIséricorde et misera

FRANÇOIS

à ceux qui liront cette Lettre Apostolique

miséricorde et paix



Misericordia et misera sont les deux termes qu’utilise Saint Augustin pour raconter la rencontre entre Jésus et la femme adultère (cf. Jn 8, 1-11). Il ne pouvait trouver expression plus belle et plus juste pour faire comprendre le mystère de l’amour de Dieu quand il vient à la rencontre du pécheur : « Il ne resta que la misérable pécheresse en face de la bonté miséricordieuse»[1]. Que de pitié et de justice divine dans ce récit ! Son enseignement éclaire la conclusion du Jubilé extraordinaire de la Miséricorde et nous indique la route que nous sommes appelés à suivre à l’avenir.

La présentation de Marie au Temple




Présentation de Marie au Temple :
La source principale de la fête réside dans un apocryphe, le Protévangile de Jacques. Marie restera au Temple jusqu'à l'age 12 ans, celui de la puberté qui empêche les femmes d'y demeurer (de toutes façons) en raison des règles sur la pureté. A l'aube de sa vie consciente, Marie fit don d'elle-même au Seigneur... L'interprétation doit être spirituelle.


Monastère de Saint-Antoine abbé - Rome
Jeudi 21 novembre 2013

Nous contemplons celle qui a connu et aimé Jésus comme aucune autre créature. L’Évangile que nous avons écouté montre l’attitude fondamentale avec laquelle Marie a exprimé son amour pour Jésus : faire la volonté de Dieu. « Car quiconque fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui-là m’est un frère et une sœur et une mère » (Mt 12, 50). Avec ces mots, Jésus laisse un message important : la volonté de Dieu est la loi suprême qui établit la véritable appartenance à Lui. Si bien que Marie instaure un lien de parenté avec Jésus avant même de lui donner le jour : elle devient disciple et mère de son Fils au moment où elle accueille les paroles de l’Ange et dit : « Je suis la servante du Seigneur ; qu’il m’advienne selon ta parole ! » (Lc 1, 38). Cet « advienne » n’est pas seulement une acceptation, mais aussi une ouverture confiante à l’avenir. Cet « advienne » est espérance !
Marie est la mère de l’espérance, l’icône la plus expressive de l’espérance chrétienne. Toute sa vie est un ensemble d’attitudes d’espérance, à commencer par le « oui » au moment de l’annonciation. Marie ne savait pas comment elle pouvait devenir mère, mais elle s’en est remise totalement au mystère qui allait s’accomplir, et elle est devenue la femme de l’attente et de l’espérance. Puis nous la voyons à Bethléem, où celui qui lui a été annoncé comme le Sauveur d’Israël et comme le Messie naît dans la pauvreté. Par la suite, tandis qu’elle se trouve à Jérusalem pour le présenter au temple, avec la joie des anciens Syméon et Anne arrive aussi la promesse d’une épée qui allait lui transpercer le cœur et la prophétie d’un signe de contradiction. Elle se rend compte que la mission et l’identité même de ce Fils dépassent le fait qu’elle soit mère. Nous en venons ensuite à l’épisode de Jésus qui se perd à Jérusalem et qui est rappelé à l’ordre : « Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? » (Lc 2, 48), et la réponse de Jésus qui se soustrait aux inquiétudes maternelles et se tourne vers les affaires du Père céleste.
Pourtant, face à toutes ces difficultés et surprises du projet de Dieu, l’espérance de la Vierge ne vacille jamais ! Femme d’espérance. Cela nous dit que l’espérance se nourrit d’écoute, de contemplation, de patience pour que les temps du Seigneur arrivent à maturité. Aux noces de Cana également, Marie est la mère de l’espérance, qui la rend attentive et pleine de sollicitude pour les choses humaines. Avec le début de la vie publique, Jésus devient le Maître et le Messie : la Vierge regarde la mission de son Fils avec joie mais aussi avec appréhension, car Jésus devient toujours davantage ce signe de contradiction que Syméon lui avait annoncé. Au pied de la croix, elle est la femme de la douleur et dans le même temps de l’attente vigilante d’un mystère, plus grand que la douleur, sur le point de s’accomplir. Tout semble vraiment fini ; toute espérance pourrait se dire éteinte. Elle aussi, à ce moment-là, en se souvenant des promesses de l’annonciation, aurait pu dire: elles ne sont pas avérées, j’ai été trompée. Mais elle ne l’a pas dit. Et pourtant, bienheureuse parce qu’elle a cru, elle voit bourgeonner de cette foi un avenir nouveau et attend avec espérance le demain de Dieu. Je pense parfois : savons-nous attendre le demain de Dieu ? Ou voulons-nous l’aujourd’hui ? Le demain de Dieu, pour elle, c’est l’aube du matin de la Pâque, de ce premier jour de la semaine. Cela nous fera du bien de penser, dans la contemplation, à l’accolade du fils avec la mère. La seule lampe allumée au sépulcre de Jésus est l’espérance de la mère qui, à ce moment-là, est l’espérance de toute l’humanité. Je me demande et je vous demande : dans les monastères, cette lampe est-elle encore allumée ? Dans les monastères attend-on le demain de Dieu ?
Nous devons beaucoup à cette Mère ! En elle, présente à tout moment dans l’histoire du salut, nous voyons un témoignage solide d’espérance. Elle, mère d’espérance, nous soutient dans les moments d’obscurité, de difficulté, de découragement, de défaite apparente ou de vraies défaites humaines. Que Marie, notre espérance, nous aide à faire de notre vie une offrande agréable au Père céleste, et un don joyeux pour nos frères, une attitude qui regarde toujours vers demain.

Voir aussi :



VII.1. Les mois se succédèrent : l'enfant atteignit deux ans. Joachim dit : " Menons-la au temple du Seigneur, pour accomplir la promesse que nous avons faite. Sinon le Maître s'irriterait contre nous et rejetterait notre offrande. " Mais Anne répondit : " Attendons sa troisième année, de peur qu'elle ne réclame son père ou sa mère. " Joachim opina : " Attendons. "
VII.2. L'enfant eut trois ans. Joachim dit : " Appelons les filles des Hébreux, celles qui sont sans tache. Que chacune prenne un flambeau et le tienne allumé : ainsi, Marie ne se retournera pas et son cœur ne sera pas retenu captif hors du temple du Seigneur. " L'ordre fut suivi, et elles montèrent au temple du Seigneur. Et le prêtre accueillit l'enfant et l'ayant embrassée, il la bénit et dit : " Le Seigneur Dieu a exalté ton nom parmi toutes les générations. En toi, au dernier des jours, le Seigneur manifestera la rédemption aux fils d'Israël. "
VII.3. Et il la fit asseoir sur le troisième degré de l'autel. Et le Seigneur Dieu répandit sa grâce sur elle. Et ses pieds esquissèrent une danse et toute la maison d'Israël l'aima.
VIII.1. Ses parents descendirent, émerveillés, louant et glorifiant le Dieu souverain qui ne les avait pas dédaignés. Et Marie demeurait dans le temple du Seigneur, telle une colombe9, et elle recevait sa nourriture de la main d'un ange.
VIII. 2. Quand elle eut douze ans, les prêtres se consultèrent et dirent : " Voici que Marie a douze ans, dans le temple du Seigneur. Que ferons-nous d'elle, pour éviter qu'elle ne rende impur le sanctuaire du Seigneur notre Dieu ? "

dimanche 20 novembre 2016

Le Christ Roi de l'Univers


Lectures de la messe du jour

1ère lecture : « Ils donnèrent l’onction à David pour le faire roi sur Israël » (2 S 5, 1-3)
2ème lecture : « Dieu nous a placés dans le Royaume de son Fils bien-aimé » (Col 1, 12-20)
Evangile : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume » (Lc 23, 35-43)


Tympan de la collégiale de Saint Ursanne


Frères et Sœurs,

Recevoir l’onction royale sur une croix et avoir celle-ci pour trône, quelle contradiction ! Celui qui est le Messie, l’image du Dieu invisible, le premier-né, avant toute créature, en qui tout fut créé, dans le ciel et sur la terre se retrouve là pitoyable, exécuté comme un criminel de l’époque.
L’inscription qui était au-dessus de la tête de Jésus crucifié indiquait le motif de sa condamnation :  « Celui-ci est le roi des Juifs. » Les passants ricanaient : « Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même ! »… « Il n’a pas voulu descendre pour Lui, afin de ressusciter pour moi », explique Ambroise de Milan (tr. Sur l’Evangile n°121). Les deux condamnés à côté de lui connaissaient sa réputation. La conversation qu’ils entament dans les pires douleurs est saisissante. La conclusion de Jésus l’est tout autant. « Amen, je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. » « Magnifique témoignage, qu’il faut travailler à se convertir puisque le pardon est si vite prodigué au larron, et la grâce plus abondante que la prière, commente Ambroise. Le Seigneur accorde toujours plus qu’on ne lui demande. » « La vie consiste à être avec le Christ : où est le Christ, là est le Royaume. » Jésus est miséricordieux envers ce compagnon d’infortune qui met son espérance en lui. A l’autre il ne répond pas. Nous comprenons sa révolte, ce type de justice et sa violence nous heurtent. Mais il nous faut être attentif au fait que la miséricorde n’écarte pas la notion de justice, le pape le disait dans sa bulle du Jubilé : « Qui se trompe devra purger sa peine, mais ce n’est pas là le dernier mot, mais le début de la conversion, en faisant l’expérience de la tendresse du pardon. Dieu ne refuse pas la justice. Il l’intègre et la dépasse dans un événement plus grand dans lequel on fait l’expérience de l’amour, fondement d’une vraie justice. »
Jésus est roi, pourtant il mourut le premier sur la croix, ouvrant le chemin, il passe devant. Les soldats brisèrent les jambes des deux autres condamnés avec une barre de fer le crurifragium. Ce ne fut pas le cas de Jésus. Conformément à l’Ecriture : « Il veille sur chacun de ses os : pas un ne sera brisé. (ps 33, 21) », dit l’Ecriture.
A quoi sert au bon larron, l’acte de miséricorde de Jésus s’il meurt ? A ouvrir les portes du Paradis qui avaient été fermées à ce compagnon d’infortune d’abord. Il en va de même pour nous. Ce roi meurt et va revenir « pour faire la paix par le sang de sa Croix, la paix pour tous les êtres sur la terre et dans le ciel. »
A Byzance lorsque les empereurs perdaient le pouvoir, la populace et leurs successeurs les traitaient de manière terrible, estimant qu’ils avaient perdu la faveur divine… Nos voisins ont remplacé leur roi et l’ancien régime par des rois sans couronne. Restent de beaux châteaux, Versailles, Amboise, etc… à visiter pour les amateurs. Mais qui voudrait revenir à cette époque, y compris sous les princes évêques. Quoique les dictateurs mégalomanes construisent d’immenses palais appelés à disparaître. Si le Seigneur est roi, s’il revient c’est pour nous introduire dans une demeure totalement différente, par miséricorde. Il ne revient pas pour faire la guerre, mais pour nous donner la paix. Elle concerne tous les êtres sur la terre et dans le ciel, toute la création, revue corrigée, transformée et élevée en Dieu. Pendant mes vacances, j’ai eu la chance de voir un ancien château sur les bords de la Loire. Il se reflétait partiellement dans quelques flaques d’eau… Toutes les images que nous pouvons nous faire du Royaume de Dieu, du Paradis et de Dieu ne peuvent qu’être partielles et imparfaites, y compris la nature et les expressions de la puissance humaine.
Que sera le retour du Christ que nous célébrons aujourd’hui ? L'image du Jugement final est en premier lieu non pas une image terrifiante, mais une image d'espérance; pour nous peut-être même l'image décisive de l'espérance. Mais n'est-ce pas aussi une image de crainte? Je dirais: c'est une image qui appelle à la responsabilité, disait Benoît XVI. (Spe Salvi)
Comment dépasser cette crainte ? Nous avons passé toute cette année à nous rappeler que Dieu est miséricorde. Elle est un des attributs les plus significatifs de Dieu. «L’Eglise vit d’une vie authentique lorsqu’elle professe et proclame la Miséricorde, attribut le plus admirable du Créateur et du Rédempteur, et lorsqu’elle conduit les hommes aux sources de la Miséricorde du Sauveur, dont elle est la dépositaire et la dispensatrice». (Misericordiae vultus/Dives in misericordia)
Notre Père, disait hier le Pape aux nouveaux cardinaux, nous aime parce qu’il a choisi de nous aimer, il nous aime parce qu’il nous a donné le statut de fils. Il nous a aimés même lorsque nous étions ses ennemis (cf. Rm 5, 10).
Le regard de Dieu sur nous est bon, c’est pour cela qu’il nous a envoyé son Fils et qu’Il le fera revenir au dernier jour, pour nous rassembler et pour qu’Il soit tout en tous. Nous devons lui demander de purifier notre regard.
Nous avons parcouru avec l’Eglise ce chemin non pas pour fermer une porte mais pour apprendre à redécouvrir la divine miséricorde qui est le visage du Christ, ainsi que le dit le pape dans sa prière : Tu es le visage visible du Père invisible, du Dieu qui manifesta sa toute-puissance par le pardon et la miséricorde.  Comme l’image du château dans l’eau, de manière partielle et avec nos limites, nous sommes invités tous les jours à être les témoins de cette miséricorde et de Jésus sur la croix : Fais que l’Église soit, dans le monde, ton visage visible, toi son Seigneur ressuscité dans la gloire et qui revient bientôt avec Marie mère de Miséricorde.
« Oui, je viens sans tarder. » – Amen ! Viens, Seigneur Jésus !

Que la grâce du Seigneur Jésus soit avec tous ! (Apoc).

vendredi 18 novembre 2016

Les indulgences



« Sobald das Geld im Kasten klingt, Die Seel’aus dem Fegfeuer springt » 

Le slogan dont l'archevêque de Mayence, Albert de Brandebourg, serait l'auteur, est dans tous les inconscients encore un peu christianisés.




Cueilli sur Wikipedia : 

En Suisse, le Pape afferma le commerce des indulgences à un moine franciscain, Bernardin Samson. Par ce trafic, beaucoup d'argent sortit de Suisse, ce qui déplut aux autorités civiles. Cet épisode est à l'origine du bon accueil des suisses à la colère de Luther contre les indulgences, d'autant que le protestant suisse Zwingli a lui aussi dénoncé le commerce des indulgences. Dès 1524, seulement sept ans après les 95 thèses de Luther, Zurich était la première ville prise par la Réforme2.

L'argent déjà ne laissait pas les seuls autorités religieuses indifférentes.


La querelle des Indulgences

Il faut distinguer, dans toute offense faite à Dieu, la faute proprement dite, et la peine méritée par cette faute : deux choses intimement unies, mais qui, pourtant, ne se confondent pas ; si bien qu’il est possible de concevoir le pardon de la faute sans l’immédiate rémission de la peine.

Dieu peut évidemment remettre du même coup la faute et la peine, mais il peut aussi remettre la faute en exigeant néanmoins que le coupable expie encore la peine due à la faute.

II en est de Dieu comme du père de famille que son fils a gravement offensé. Si le fils se repent et implore le pardon, le père peut ou bien lui pardonner sans aucune restriction ou bien lui pardonner tout en lui infligeant l’un ou l’autre châtiment.

Dieu a pardonné sans restriction aucune au bon larron, mais après avoir pardonné à David il lui a infligé un sévère châtiment.

Mais, en règle générale, la justice exige qu’au pardon soit adjointe l’expiation de la faute.

Selon le dogme catholique, admis dès la primitive Eglise où les pénitences publiques étaient si rigoureuses, l’expiation de toute faute a lieu ou en ce monde ou en l’autre. En l’autre, c’est en purgatoire. En ce monde, elle s’accomplit soit par des pénitences personnelles, soit par les indulgences qui sont précisément la remise des peines dues au péché, qui restent à subir, après que le pécheur a reçu, par le repentir sincère et le sacrement de pénitence, le pardon de ses fautes et la libération du châtiment éternel.

Comme l’aumône est maintes fois donnée, par la Bible elle-même, comme un moyen d’expier et de racheter les fautes, rien d’étonnant que l’Eglise ait attaché à certaines aumônes bien déterminées une indulgence, car — il faut le répéter — si l’Eglise a le pouvoir de remettre les péchés, elle jouit également du pouvoir de remettre les peines dues aux péchés.

La Bible revient souvent sur la vertu d’expiation de l’aumône. Dans le Livre de Tobie nous lisons des déclarations aussi explicites que celles-ci : « L’aumône délivre de tout péché et de la mort, et elle ne laissera point l’âme descendre dans les ténèbres... L’aumône délivre de la mort, et c’est elle qui efface les péchés et qui fait trouver la miséricorde, et la vie éternelle... ». L’Ecclésiaste proclame que « l’eau éteint le feu le plus ardent et l’aumône expie les péchés ».

Ces principes connus, il n’y a donc rien à redire aux actes par lesquels les papes du siècle de la Réforme, Jules II, puis son successeur, Léon X, accordèrent d’importantes faveurs spirituelles à ceux qui, contrits et confessés, verseraient une aumône pour l’achèvement de la célèbre et coûteuse basilique de Saint-Pierre à Rome.

Mais, bien sûr, hélas ! l’indulgence subordonnée à l’aumône, l’indulgence-aumône comme on dit encore souvent, ne laissait pas d’offrir des dangers. Quand les faveurs spirituelles sont en rapport avec des versements d’argent, les abus sont toujours à craindre. Et des abus furent commis et il est vrai que la prédication des indulgences ne fut pas exempte de propos et de procédés impudents.

Ces propos demeurent le fait de prédicateurs de second ordre et l’odieux n’en peu rejaillir ni sur l’institution des indulgences, ni sur l’Eglise, ni sur le Souverain Pontife.
C’est ce que Luther lui-même laisse entendre, note fort justement Mgr Besson, dans plusieurs de ses fameuses thèses du 31 octobre 1517.

Il ne s’en prend pas encore tant au pape qu’aux prédicateurs d’indulgences, qu’il accuse de ne point parler suivant les directions du pape et de travestir sa pensée. Le pape, dit-il, s’il savait comment se comportent les prédicateurs d’indulgences, préférerait voir brûler la basilique de Saint-Pierre plutôt que de laisser exploiter ses brebis.

(Docendi sunt christiani quod si papa nosset exactiones venialium predicatorum, mallet Basilicam S. Petri in cineres ire quam aedificari cute, carne et ossibus ovium suarum : il faut enseigner les chrétiens que si le pape connaissait les exactions des marchands d’indulgences, il préférerait voir la basilique de Saint-Pierre réduite en cendres plutôt qu’édifiée au prix de la peau, de la chair et des os de ses brebis. Thèse 11,25).

Dans la Thèse IV, 16, il dit : Si les indulgences étaient prêchées suivant l’esprit et la pensée du pape, les objections qu’on leur oppose se résoudraient facilement ou même n’existeraient pas.

C’est après seulement, quand le feu des polémiques l’eut entraîné plus loin, que Luther s’en prit ouvertement à l’autorité du pape.

Il est d’ailleurs établi que l’affaire des indulgences ne fut qu’une occasion ou qu’un prétexte : les points principaux de la doctrine essentielle de Luther étaient déjà nettement fixés dans son esprit avant 1517. Dès 1515 déjà, il avait, au fond, cessé d’être catholique.

A l’action de Luther — d’ailleurs pour la favoriser singulièrement — s’est ajouté ceci que les abus, déplorés même par de saints personnages qui demeurèrent fidèlement attachés au catholicisme, furent particulièrement remarqués dans les milieux déjà prévenus contre le pape et mécontents de voir tant d’argent sortir de l’Allemagne pour aller servir à la construction d’une somptueuse basilique romaine. On sut les exploités à fond !

Dans quelle atmosphère commença la révolte de Luther, nous le verrons prochainement.

C.

Dédicace des basiliques Saints Pierre et Paul



Nous célébrons la dédicace des deux basiliques des Saints Pierre et Paul, consacrées l’une et l‘autre sous Constantin.  
Un élément parmi d’autres peut porter à réflexion : Les deux basiliques ont été reconstruites, deux chefs d'œuvre. L'un a voulu être novateur, la basilique de saint Pierre tombant en ruine, Jules II fit travailler ses architectes dans le nouveau style contemporain. Elle fut indirectement une des causes de la réforme, il fallait de l'argent et les indulgences ont été mal comprises. Les historiens peuvent dire s'il y a eu des abus. La basilique de saint Paul a été reconstruite de manière relativement analogue à l'ancienne quant au plan. Elle brûla lors d'un dramatique incendie et fut reconstruite d’une manière qui fait penser à du néo-antique (style paléo-chrétien). L'Eglise avait subi les affres de la Révolution Française, c’était une époque de restauration, suivie du risorgimento et des affres de l’action franc-maçonne. Il ne semble pas qu'il y ait eu trop de protestations dans l’Eglise lors de cette reconstruction.
Avec Vatican II et une manière différente de célébrer la liturgie nous avons eu une évolution architecturale. Que deviendraient ces basiliques s'il fallait tout reconstruire aujourd'hui et pas seulement aménager? Qui se fâcherait pour l'argent dépensé? Quel type d'architecture... Les bâtiments ne sont pas éternels.

Comme nous sommes nous-mêmes des temples de Dieu, autre interrogation, comment le Seigneur nous reconstruira-t-il à la résurrection? Y aura-t-il des protestations ? J’en doute. Avec la grâce de Dieu, nous serons tous mieux qu’avant, parés des oui que nous lui aurons dit. Nous aurons revêtu le Christ.

mercredi 16 novembre 2016

Sur les bords du Lac de Constance



Immense lac que celui de Constance ; l'actualité a rappelé son existence aux romands en raison de la grippe aviaire. Notre saint du jour, Othmar s'est mis de la partie. Le pauvre était mort de faim en raison d'un attrait très classique de pieux nobles laïques pour les biens du monastère de saint Gall. On l'accusa de vilennie et on l'enferma sur une île.Il a protégé de la tempête ceux qui ramenaient son corps dans la barque naviguant sur ce même lac. Les luminaires ne furent pas soufflés, la barque ne fut pas renversée et les valeureux marins eurent à boire pour la traversée, mais ce n'était pas de l'eau. Leur petite fiasque ne s'épuisa pas, comme à Cana dit la légende. Heureusement toute l'eau ne fut pas changée en vin.
Voilà un contemplatif... et le fil des idées originales me fit ressouvenir de ces pauvres poules condamnées à la vie contemplative en raison de la grippe aviaire.

L'Evangile m'apporta une heureuse mise en place de cet ensemble disparate.

En effet, aujourd'hui, le Seigneur met en garde ceux qui ne font pas fructifier les dons reçus. Les banquiers n'ont pas toujours bonne réputation, mais au bout de quelques instants je me suis demandé : au fait, est-ce que le Seigneur n'est pas le banquier?  La vie contemplative, n'est-ce pas lui remettre notre petite pièce le don reçu de lui ? N'est-ce pas lui qui va le faire fructifier? N'est-ce pas lui notre banquier? Il y a eu tant de saints dans la vie monastique, de sainte Gertrude aux saintes Thérèse(s).
Un laïc par sa prière ne remet-il pas aussi son écot au banquier céleste? Ne devons-nous pas de toutes façons tous le faire? Le Seigneur peut accomplir des miracles et changer le lac de Constance en vin, celui de la charité.

Saint Othmar




Une pléiade d'artistes jurassiens du 18ème siècle  a travaillé, à cette occasion, à embellir le maître-autel de Notre-Dame du Vorbourg. On y trouve un retable doré, dont la sculpture est due à MONNOT (décision du 4 avril 1720),  sur lequel figurent deux saints patrons : Saint Imier et Saint Othmar. L'ensemble de l'autel majeur a été doré par les soins de TAVANNE, suite à la résolution du conseil,  en date du 9 octobre 1720. Pour compléter l'agencement du choeur, le Maître-bourgeois confie à MERTENAT, la confection "d'un Saint-Esprit", sous forme de colombe.

Nous devons à Christoph Blarer de Wartensee, dont un oncle fut Abbé de Saint-Gall cette dévotion à ce saint cher à sa famille et présent sur l'autel de la Vierge.


L'extrait de la Légende de Saint Othmar traduite par mon confrère latiniste, permet de comprendre le panneau du retable qui lui est consacré. 

CHAPITRE 8. Comment, de façon admirable, la tempête fut apaisée dans la translation de son corps.
Ayant quitté le rivage, comme ils se lançaient au large sur des voies incertaines, et comme ils ramaient de toutes leurs forces, désirant rentrer le plus vite possible, aussitôt le vent et la pluie firent irruption avec une telle violence qu’ils auraient grand peine, pensaient-ils, à s’en sortir. Mais par une admirable disposition de la toute puissance divine, et (à ce que nous croyons) par les mérites du saint homme, il se produisit que les éléments qui – à nous paraissent insensibles – obéissant aux ordres de leur créateur, se comportèrent comme s’ils comprenaient qu’ils portaient les reliques du saint homme. La mer, agitée par la tempête accompagnée de pluie, suspendit ses eaux dans les hauteurs et ne fit aucun mal à ceux qui ramaient, mais partout où arrivait le navire, les vents étaient repoussés et les flots gonflés s’aplatissaient. Et ainsi, entourés de tous côtés par la masse des ondes et le souffle des vents, ils en étaient séparés par un espace non négligeable comme si l’esquif était ceint d’une haie protectrice de sorte que pas même une goutte d’eau ne tomba sur eux, alors que la pluie inondait violemment de part et d’autre. De même pour les cierges allumés à la tête et aux pieds du bienheureux en son honneur : une fois allumés, leur flamme ne s’éteignit jamais jusqu’à l’arrivée du corps au monastère.

CHAPITRE 9. Abondante boisson servie par le ciel. Lieu où son corps fut enseveli après sa translation.


Reste encore un miracle que le Seigneur révéla aux frères dévots dans la translation du saint corps. En effet, comme ils étaient fatigués après avoir ramé avec une grande ardeur, l’heure étant venue de se reposer et de refaire leurs forces par un aliment corporel, ils célébrèrent les louanges du Seigneur, après quoi ils s’assirent et, comme ils se disaient que pour un joyeux repas, il fallait y mélanger la consolation d’un breuvage, l’un des serviteurs rapporta qu’il ne restait plus aucune boisson, sauf celle qui était contenue dans un petit flacon, ce qui aurait à peine suffi à l’un d’eux, pour goûter plutôt que boire, mais eux évoquèrent les miracles du Seigneur, comment il avait nourri une grande multitude avec peu de pains. Sur ce, avec le peu qu’ils avaient, ils firent une charitable distribution à tous ceux qui étaient là. Et, de façon merveilleuse, la boisson qu’on puisait dans le flacon se mit à augmenter de telle sorte qu’un continuel écoulement ne semblait pas la diminuer jusqu’à ce que la soif des buveurs fut vaincue par l’abondance. Alors, remplis de stupeur devant l’étrangeté du fait, ils rendirent des actions de grâce et des louanges au Seigneur dispensateur de tous les biens, lui qui pourvoyait de façon si merveilleuse à leur suffisance. Et aussitôt qu’ils arrivèrent au terme de leur voyage, la boisson cessa dans le flacon. Et comme ils touchaient terre en arrivant au port qu’ils désiraient, ils racontèrent point par point ce qui s’était passé aux frères qui arrivaient au-devant d’eux avec les louanges de Dieu ; alors, après avoir célébré leur joie en commun, ils transportèrent le corps du saint homme au monastère avec honneur et le déposèrent dans un sarcophage entre l’autel de Saint Jean-Baptiste et le mur. C’est là ensuite que, par l’action des mérites du saint, le Seigneur daigna manifester des miracles dignes de mémoire.