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dimanche 28 août 2016

Un repas chez les pharisiens


28 août 2016
22ème dimanche du Temps Ordinaire 
1ère lecture : « Il faut t’abaisser : tu trouveras grâce devant le Seigneur » (Si 3, 17-18.20.28-29)
Psaume : Ps 67 (68), 4-5ac, 6-7ab, 10-11
R/
Béni soit le Seigneur :
il élève les humbles.
Les justes sont en fête, ils exultent ;
devant la face de Dieu ils dansent de joie.
2ème lecture : « Vous êtes venus vers la montagne de Sion et vers la ville du Dieu vivant » (He 12, 18-19.22-24a)
Evangile : « Quiconque s’élève sera abaissé, qui s’abaisse sera élevé » (Lc 14, 1.7-14) - Un jour de sabbat, Jésus était entré dans la maison d’un chef des pharisiens

Frères et Sœurs,

Vous savez peut-être que dans l’antiquité romaine, lorsqu’un soldat terminait son service, et qu’il en avait réchappé, 3000 deniers lui étaient offerts soit 12 ans de solde, avec un petit terrain à cultiver. Passé un certain âge, on comprend que cette dernière possibilité n’était pas toujours très enthousiasmante! L’empereur prolongeait la durée du service  de 20 à 25 ans, dit-on, parce qu’il y avait alors moins de survivants, et de primes à payer, pénible calcul. Saint Ambroise dans son commentaire sur l’Evangile d’aujourd’hui nous dit ceci : Comme à un vétéran qui a terminé son service, est proposée cette prime, le mépris des richesses (VII, 195). Nous ne savons pas quelle était la réaction de son auditoire. Mais nous aurons compris qu’Ambroise veut nous dire que le Seigneur voudrait nous voir manifester combien nous l’aimons en ne mettant pas l’argent au premier plan. Ce qui est premier, c’est lui-même présent dans les plus petits parmi les siens. L’aimer par-dessus tout, c’est aimer les plus petits comme Lui-même.




Pourquoi Jésus donne-t-il son enseignement chez un pharisien ? Mettons-nous dans le contexte. C’était la troisième fois que Jésus avait été invité chez un pharisien. Cela se passait habituellement le vendredi soir à l’ouverture du sabbat. A 2 reprises déjà, Jésus avait remis ses hôtes en question. Il n’était pas un invité confortable et lançait des discussions pointues sur des sujets périlleux. Lors de la dernière invitation, il avait traités ses hôtes de sépulcres blanchis. S’il est invité aujourd’hui, c’est pour Lui tendre des pièges. Nous pouvons presque regretter ce matin  qu’une partie de notre passage d’Evangile ait été coupée par le choix liturgique. Jésus vient d’accomplir un miracle en guérissant un homme atteint d’hydropisie devant ses hôtes. C’était donc un sabbat… or, on lui reproche de faire œuvre de médecin. (Au passage, remercions nos urgences hospitalières). Il va contrer ses opposants facilement et profiter de l’avantage obtenu en invitant chacun à l’humilité, à se tenir humblement à la dernière place. Nous pouvons remarquer qu’il ne s’agissait certes pas d’un de ses banquets électoraux américains où l’on se hausse aux premières places en fonction des versements effectués au candidat, mais d’un repas religieux. Le sabbat est célébré ici en bonne compagnie, on devise sur les Écritures et leur interprétation. Ce devait être un repas de sagesse spirituelle. Comme il se doit, une certaine mise en valeur des participants est de mise, on se rend quelques services et on en attend en retour. Ce qu’on appelle aujourd’hui des renvois d’ascenseur.
Jésus donne d’abord des sortes de leçons de sagesse aux invités lorsqu’il voit comment ils choisissent les premières places. Puis c’est le tour de l’hôte. Il lui demande de n’avoir d’intérêt que pour ce qu’il recevra de Dieu à la résurrection des justes.
Ce type de repas chez les pharisiens figure ce qui se passera dans le royaume des cieux. C’est une annonce du repas messianique dans la ville du Dieu vivant, la Jérusalem céleste, avec des myriades d’anges en fête et l’assemblée des premiers-nés dont les noms sont inscrits dans les cieux.
Pourquoi prendre le chemin de l’humilité ? Ces pharisiens sont réunis pour célébrer le jour du Seigneur, Jésus n’essaye rien d’autre que de leur indiquer le chemin de la perfection qui conduit à adorer Dieu en Esprit et en Vérité. Il n’y a pas d’autre moyen que de changer de comportement et de vie. Tu veux être parfait, mets en pratique les enseignements de Jésus. « L’idéal du sage, c’est une oreille qui écoute. » avons-nous entendu tout à l’heure. Qui écouter ? Celui qui détient la sagesse.  « Ecoute, mon fils, les préceptes de ton Maître, prête-moi l'oreille de ton cœur : accueille les avis d'un tendre Père... » Je crois vous avoir déjà cité à quelques reprises le Prologue de la Règle de saint Benoît. Le Seigneur n’invite pas à quelque chose de facile, mais bien à un labeur, à un travail, avec la grâce.
La réaction des pharisiens combien de fois est-elle la nôtre lorsque nous sommes remis en cause par un événement qui nous fait mal, une remarque qui nous paraît injuste. Quelle est notre réponse intérieure : Ce n’est pas ma faute si les choses sont ainsi… Je dois me défendre pour tenir, je dois me créer des relations sans vagues.
Rien n’est simple, mais comment ne pas prêter à attention à Celui qui connaît le chemin et qui est venu à notre rencontre. « Le Christ Jésus, lui qui était dans la condition de Dieu, n’a pas jugé bon de revendiquer son droit d’être traité à l’égal de Dieu. Mais au contraire, il se dépouilla lui-même en prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes. »
Le Seigneur paraît encore une fois nous inviter à mettre en application les œuvres de miséricorde. La première est de nourrir les affamés. Les occasions ne manquent pas lorsque surviennent des séismes comme en Italie ou des famines… Nous pourrions aussi nous demander qui est-ce que je n’oserais pas inviter ? A chacun de vérifier qui ne figure surtout pas dans le répertoire de son agenda. Mais il est une nourriture spirituelle que nous ne pouvons négliger de donner. En faisant ma petite recherche sur les légions romaines et saint Ambroise, pardon pour la comparaison, j’ai vu qu’on ne lançait tout de même pas les vétérans en première ligne, ce qui est de bon sens stratégique. Cependant, n’est-ce pas la dernière ligne qui est encore disponible dans l'Eglise aujourd'hui? Qu'est-ce qui peut nous être demandé par le Seigneur aujourd’hui pour annoncer l’Evangile, apporter la nourriture spirituelle à notre monde…? Le don de sa retraite paisible… Quel cadeau ! Il a d’autant plus de valeur qu’il a été rudement acquis.
Et tous ces efforts pourquoi ? « Pour un banquet qui ne finira pas pour nous. Que nous sera-t-il servi ? La contemplation de la vérité, en face de l'éternité, dans la louange de Dieu, dans la paix du bonheur, dans la félicité de l'esprit, dans l'immortalité du corps, dans l'inaltérable jeunesse de notre chair, dans la continuelle satiété de notre âme, dit saint Augustin que nous fêtons aujourd’hui (2ème sermon sur la naissance de S. Augustin).

Marie Mère de Miséricorde prie pour nous pécheurs. Donne-nous ton Fils. Amen.   

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