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dimanche 15 mai 2016

Pentecôte



MESSE DU JOUR

1ère lecture : « Tous furent remplis d’Esprit Saint et se mirent à parler en d’autres langues » (Ac 2, 1-11)
2ème lecture : « Tous ceux qui se laissent conduire par l’Esprit de Dieu, ceux-là sont fils de Dieu » (Rm 8, 8-17)
 Evangile : « L’Esprit Saint vous enseignera tout » (Jn 14, 15-16.23b-26)

Homélie au sanctuaire

Frères et Sœurs,

Pourquoi avons-nous prié avec insistance durant les 9 jours qui nous ont séparés de la Pentecôte ? Saint Basile de Césarée, un spécialiste du Saint-Esprit, dit ceci à propos de la prière : Nous regardons vers l’Orient pour prier, parce que nous sommes à la recherche de l’antique patrie, ce paradis que Dieu planta en Eden, du côté de l'Orient (traité du Saint-Esprit 192a).
Nous recherchons le bonheur, le paradis c’est-à-dire la vie d’amitié avec Dieu, en sécurité pour toujours. Or, cette vie d’amitié commence dès maintenant parce que nous sommes réconciliés avec Dieu dans le Christ. Grâce à lui, nous devenons non seulement amis, mais fils. Nous mesurons certainement la différence. Toute la période des cinquante jours qui séparent Pâques de la Pentecôte, dit saint Basile un peu plus loin, doit nous remettre en tête la résurrection que nous attendons. C’est un temps qui doit nous rappeler l’éternité, le jour de la résurrection multiplié par 7 et encore par 7.
Au terme de l’attente nous voilà conscients, avec les Apôtres, de notre petitesse, de nos incapacités, de nos incompétences, de nos manques de foi…  « Sans moi, vous ne pouvez rien faire », avait dit le Seigneur.
Il nous faut donc un défenseur, un gardien, même un supergardien intérieur pour garder la parole. Notre défenseur retourne auprès de son Père. Qui va le remplacer ? Les Apôtres ont suffisamment montré leur faiblesse au temps de la passion pour qu’ils fassent montre d’un peu de prudence. Ils ont attendu patiemment que se produise l’événement annoncé par le Seigneur lors de son Ascension. Elle a été un moment extraordinaire pour nous, parce que notre humanité a pris place au cœur de la trinité. Nous sommes capables de demeurer en Dieu et de vivre avec lui. Chaque personne humaine dès sa conception est devenue capable par le Christ de vivre en Dieu. Cette dignité, la dignité humaine doit donc être respectée. Nous ne pouvons pas nous abstenir, parce que Dieu nous respecte et nous aime, non pas comme, mais en tant que ses fils et ses filles. Auprès de lui nous ne pourrons nous éviter et nous rejeter, c’est le même amour, le même Esprit-Saint, l’amour du Père et du Fils que nous partagerons.
Alors, comment aller annoncer la bonne nouvelle ? La Pentecôte, c’est la fête des moissons dans la liturgie juive. Les amateurs de langues anciennes apprécieront peut-être qu’on peut faire un rapprochement entre le prénom de Thérèse qui provient du nom d’une île et la moisson en grec (θερίζω). Une fabuleuse moisson est engrangée pour nous dans le ciel, une moisson de grâce et de force, celle de l’amour infini de Dieu qui veut nous faire participer à sa vie divine. Son trésor il va le distribuer en passant par nous. Il va ouvrir son grenier, mais aussi sa cave pour célébrer les noces de son Fils avec son Eglise.
Vous savez peut-être que le nom d’un vin connu, le Malvoisie, tire aussi son origine d’une île grecque. Il se répandit dans toute l’Europe au Moyen-Age grâce aux vénitiens. Un noble anglais avait même considéré sa consommation comme la porte d’entrée du paradis. Vous connaissez les remarques que s’attirèrent les Apôtres au sortir du Cénacle, après l’effusion de l’Eprit : ils sont pleins de vin doux. Mais c’est d’un vin spirituel dont il s’agit.
En envoyant l’Esprit en mission, Dieu notre Père avec son Fils, veut mettre dans notre cœur, la joie de la Bonne Nouvelle. Il veut que nos bouches puissent s’ouvrir et y placer ses mots, y mettre sa parole. Sans lui nous ne pourrions rien faire.
C’est le paraclet, qui nous est envoyé, le « défenseur », l’« intercesseur », le « consolateur », il est « celui qu'on appelle à notre secours ».
Il vient dire par notre bouche que tous les hommes ont une dignité, celle d’enfants de Dieu, dès le commencement. Il vient nous dire de relever la tête, de laisser notre cœur se remplir de sa joie. Grâce à lui, nous pouvons nous tourner vers l’Orient spirituel en appelant le retour du Christ et la résurrection.
Pourquoi l’Esprit-Saint ? Quelques lignes du patriarche maronite Bechara Raï. Il nous faut continuer de prier pour nos amis du Liban, même si les médias mettent un peu la sourdine : « Le Saint-Esprit est la force de Dieu qui opère en nous. Il nous structure, il est la sève dans la plante. Sans l’Esprit saint, l’Église serait un parti politique, l’Évangile une parole morte, l’Eucharistie un drame de théâtre. Alors qu’avec l’Esprit saint, l’Évangile est parole de vie, l’Église une communion entre Dieu et les hommes, l’Eucharistie un sacrifice qui actualise depuis deux mille ans, d’une manière sacramentelle, le pain rompu et le sang versé dans l’ici et maintenant. (1)»
Le temps de l'Eglise a commencé par la descente de l'Esprit Saint sur les Apôtres réunis au Cénacle de Jérusalem avec Marie, la Mère du Seigneur. Ce temps de l’Eglise se poursuit aujourd’hui avec nous. Rappelons-nous, et ce n’est pas la moindre des choses, que l’Esprit-Saint nous l’avons reçu de manière personnelle lors de notre confirmation. Il nous demande de ne pas rester sur notre île, il veut que nous annoncions l’Evangile.
En union avec la Vierge-Mère, l'Eglise, comme l'Epouse, se tourne continuellement vers son divin Epoux, ainsi que l'attestent les paroles de l'Apocalypse citées par le Concile: «L'Esprit et l'Epouse disent au Seigneur Jésus: Viens!». (2)
Marie, Étoile de la nouvelle évangélisation, aide-nous à rayonner par le témoignage de la communion, du service, de la foi ardente et généreuse,  de la justice et de l’amour pour les pauvres, pour que la joie de l’Évangile parvienne jusqu’aux confins de la terre et qu’aucune périphérie ne soit privée de sa lumière. (3) Amen
(1) Patriarche Bechara Raï – Isabelle Dillmann - Au cœur du chaos - Albin Michel 2016
(2) S. Jean-Paul II – Donum et vivificantem
(3) Pape François Evangelii Gaudium

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