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samedi 26 mars 2016

Joyeuses Pâques!

 
Albrecht Altdorfer

Homélie au sanctuaire :

Evangile : « Il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts » (Jn 20, 1-9)

Frères et Sœurs,

Quelle est notre réaction devant ce tombeau vide ? Il n’y a pas eu d’instantané de la résurrection, à ma connaissance… et pardonnez-moi, Jésus ne nous pas laissé de selfie, un autoportrait comme on disait autrefois. Saint Jean mentionne à deux reprises, les linges, posés à plat et le suaire qui avait entouré la tête de Jésus non pas posé avec les linges, mais roulé à part à sa place. Bien sûr, je suppose qu’il n’y a pas un seul d’entre nous qui ne pense pas un peu au moins au Saint-Suaire. Mais là, si effectivement cela est vrai, il n’y a point encore de photo de la résurrection, puisque c’est le corps du Christ qui est représenté.

Quelle est la réaction de saint Jean ? « Il vit et il crut ».

De celle de Simon-Pierre, il ne paraît pas dire grand-chose. Il lui a cependant marqué un grand respect et nous sentons qu'il y une sorte de prééminence reconnue à Pierre. Ils sont partis ensemble, mais Jean a couru plus vite, puis il a attendu. Cela voulait dire qu’ils avaient un lien de charité et de respect qui les unissait. Jean a attendu Pierre et l’a laissé entrer le premier. Pierre apparaît comme étant interloqué et pour le moins songeur : les linges sont là, et un autre élément matériel, de poids, est à signaler, cette fameuse pierre qui a été roulée.

Et l’autre témoin, Marie-Madeleine ? L’évangile paraît lui donner le rôle de la femme émotive chère aux films et séries télévisées d’autrefois… Aujourd’hui, le message communiqué est un peu différent. Pourtant, elles sont solides, d’abord au pied de la croix et mine de rien, elles ont eu le courage de l'embaumer sommairement et de se rendre les premières au tombeau. Toutefois, il n’y a pas pour Marie-Madeleine, cette fameuse remarque de saint Jean : « Il vit, et il crut » point de « Elle vit, et elle crut ». Il est le premier parmi les disciples à témoigner qu'il a cru en la résurrection du Seigneur et son témoignage est véridique.
Il est vrai qu’on peut discuter ce point. Saint Augustin, dit que saint Jean aurait cru Marie-Madeleine et non en la résurrection, mais il est assez seul (Est-ce en raison de sa faiblesse envers sa très chère concubine, la mère de son fils Alypius?). Jean Chrysostome, très observateur dit de son côté que saint Jean nous a fait remarquer précédemment que Jésus avait été enseveli avec une grande quantité de myrrhe, laquelle fait adhérer fortement les linges au corps, il aurait été bien difficile de faire une mise en scène si bien ordonnée alors qu’il était plus simple d’emporter le corps embaumé (homélie 85 sur S. Jean).

A propos des femmes encore, ailleurs on voit que les disciples ne croient pas dans l’annonce de la résurrection de Jésus par les femmes. Les préjugés ont la vie dure, mais il est utile aussi de rappeler que selon la Loi, le témoignage des femmes n’était pas recevable… Pour Marie, la maman de Jésus, c'est un peu autre chose. Elle devait sentir que l'annonce directe, n'était pas sa mission. Un bon nombre, sinon le plus grand nombre des commentateurs, dit qu'elle a cru la première et a vu le Seigneur la première. Saint Jean-Paul II nous disait dans une de ses audiences que le Seigneur lui avait certainement réservé sa première apparition… Mais il avait choisi ses apôtres pour être ses témoins… Les desseins de Dieu sont parfois bien mystérieux.

Poursuivons sur notre première idée provocatrice, de la « photo » du Seigneur Ressuscité et comment en avoir une ? Si je parlais d’image, vous me concéderiez que le terme est plus approprié, surtout à l’église… image vivante, ce serait encore mieux. Si j’en viens à dire que le Christ ressuscité est vivant en nous, alors nous sommes  nouveau un peu empruntés, tous. Est-ce possible ? Par les sacrements reçus, bien sûr. Tous par le baptême et la confirmation, et moi par le sacrement de l’Ordre. Bien entendu, nous nous considérons tous comme trop pauvres et indignes, mais le Seigneur a voulu venir chez nous, et en nous comme un pauvre, chez des pauvres. Il est sorti du tombeau pour venir à notre rencontre et nous faire miséricorde.
Jean croit devant le tombeau vide et ces linges dont la disposition l’interpelle... Ce n’est pas devant le Seigneur qu’il touche et qu’il voit. De toute évidence, il veut nous montrer l’importance de la foi. S’il ne le voit pas encore, il va le voir. Nous avons un autre élément encore. Saint Jean nous dit en substance que  « jusque-là, en effet, les disciples n’avaient pas compris que, selon l’Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts. ». C’est assez extraordinaire l’importance qu’ils accordent aux Écritures, à l’autorité des Écritures. Pourquoi le font-ils ? Il ne s’agit pas d’une habitude, c’était quelque chose de très ancré en eux. L’Ecriture, c’est la Parole de Dieu. Sans une clef pour ouvrir cette porte, car c’en est une, il est difficile d’entrer dans sa compréhension. Le Seigneur les leur a expliquées, et les a interprétées pour eux. Souvenez-vous des disciples d’Emmaüs… Ce n’est pas un exégète de plus ou moins bonne cuisine, à pensée variable, ou un commentateur de télé « arte » ou autre, c’est le Seigneur ressuscité qui leur a fait sa démonstration. Après elle, ils ont été convaincus parce qu’il était là devant eux, ressuscité… Nous pouvons nous demander : 1) Est-ce que je crois dans l’autorité des Écritures? et 2) dans le témoignage des Apôtres ?
La porte du tombeau s’est ouverte, la porte de la miséricorde. Qu’y trouvons-nous ? L’Ecriture et dans celle-ci, le témoignage des Apôtres.
L’année de la Miséricorde ne finit pas avec la résurrection de Jésus, au contraire. Le pape François dans sa bulle d’indiction nous avait dit que nous passons la Porte Sainte sûrs d’être accompagnés par la force du Seigneur Ressuscité qui continue de soutenir notre pèlerinage. Et plus loin que le pardon est une force qui ressuscite en vie nouvelle et donne le courage pour regarder l’avenir avec espérance.
Il nous a demandé encore de tourner notre pensée vers la Mère de la Miséricorde. Que la douceur de son regard nous accompagne en cette Année Sainte, afin que tous puissent redécouvrir la joie de la tendresse de Dieu. Personne n’a connu comme Marie la profondeur du mystère de Dieu fait homme. Sa vie entière fut modelée par la présence de la miséricorde faite chair. La Mère du Crucifié Ressuscité est entrée dans le sanctuaire de la miséricorde divine en participant intimement au mystère de son amour.
Avons-nous besoin d’un autre argument ? Le Christ est vraiment ressuscité alleluia ! Reine du ciel réjouis-toi, alléluia ! Fais-nous participer à ta joie, alléluia !

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