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mardi 29 décembre 2015

Sommes-nous encore surpris par Noël?

Dieu dans sa grotte

L’agnostique ou l’athée dont l’enfance a connu de vraies nuits de Noël associera Dieu dans sa grotte pour toujours, que cela lui plaise ou non, deux idées que les hommes, pour la plupart, considèrent comme contradictoires : l’idée d’un bébé et celle de la puissance inconnue qui soutient l’univers. Son imagination les rapprochera toujours alors même qu’il ne comprendra pas pourquoi. La simple image d’une mère et de son fils aura toujours à ses yeux une saveur religieuse et le nom terrifiant de Dieu gardera à ses oreilles une sonorité douce et attendrissante. Or cette association d’idées n’a rien d’évident; elle ne se serait imposée ni à un Grec ni à un Chinois, fût-il Aristote ou Confucius. Il est aussi peu naturel de fêter Dieu dans un enfant que de lier le cours des astres aux cabrioles du chaton. Noël nous semble aller de soi parce que nous sommes chrétiens, et que nous demeurons psychologiquement chrétiens même si nous cessons de croire. En bref, cette association d’idées a modifié quelque chose de très profond dans la nature humaine. Entre l’homme à qui elle est familière et l’homme qui l’ignore, la différence est réelle, sans qu’elle soit nécessairement de nature morale, car les mérites d’un musulman ou d’un juif peuvent être plus grands eu égard à ses lumières. C’est un fait indiscutable, c’est l’interférence de deux lumières ou, si l’on veut, la conjonction de deux astres dans notre horoscope personnel. Enfance et divinité, impuissance totale et toute-puissance, ce contraste unique, mille et mille fois répété, ne lasse jamais. Bethléem est par excellence le lieu où les extrêmes se touchent.

Chesterton, L'homme éternel

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