Saint Jérôme

Jérôme par Dürer

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Saint Jérôme est un peu oublié avec la Nouvelle Vulgate et le passage aux langues vernaculaires dans la liturgie. Mais quelle figure que celle de ce grand savant, hypersensible, batailleur lorsqu'il se sentait attaqué, chercheur de vérité, ne se sentant à l'aise que dans ses études et dans la compagnie des saintes femmes dont il était entouré. Ses batailles contre l'origénisme ainsi qu'avec Rufin et Jean de Jérusalem sont célèbres. Il eut des échanges épistolaires avec saint Augustin.

Sa plume devenait cruelle dans le combat, pour l'illustrer voici comment il rapporte un épisode de la  mésente entre Jean de Jérusalem et Epiphane. Au lieu de la mort et de la résurrection du Christ, Jean de Jérusalem avait fait taire l'évêque Epiphane qui prêchait, croyant que ses attaques sur l'origénisme étaient dirigées contre lui :

Rappelle-toi, je te prie, ton sermon de cet autre jour où le peuple est resté bien contre son gré jusqu’à la septième heure (environ 13 heures), retenu seulement par l’espoir qu’il entendrait ensuite Épiphane. Sur quoi as-tu prêché ? Évidemment tu parlais avec fureur et indignation contre les anthropomorphites, qui, dans leur naïveté de paysans, pensent que Dieu a réellement les membres dont il est question dans les livres divins. Tu tournais les yeux, les mains, le buste dans la direction du vieillard (Epiphane) pour le rendre suspect de la plus stupide des hérésies. Quand, fatigué, la bouche sèche, la tête rejetée en arrière, les lèvres tremblantes, tu t’es arrêté de parler et qu’enfin le désir de tout le peuple fut réalisé, qu’a fait à ton égard le vieillard « fou » et « toqué » ? Il s’est levé pour indiquer qu’il allait dire quelques mots, et, après avoir salué de la voix et de la main l’assemblée : « Tout ce qu’a dit mon frère par la dignité, mon fils par l’âge, contre l'hérésie des anthropomorphites est bien dit et conforme à la foi. Ma voix aussi la condamne. Mais, de même que nous condamnons cette hérésie, il est équitable que nous condamnions aussi les opinions perverses d’Origène ». Je pense que tu te souviens de l’éclat de rire général et des acclamations qui ont suivi. ( Contr. Iohannem II 364b  in Pierre Nautin étude de chronologie Jéronimienne)

Remarquons que la longueur des homélies différait de celle suggérée par le pape François et la Congrégation pour le culte divin. Les fidèles étaient capables de les écouter, ce qui est tout aussi surprenant par rapport au simplisme auquel nous sommes invités aujourd'hui et ils réagissaient. En ce temps-là, on se passionnait pour les disputes théologiques avec également des réactions inappropriées. A Constantinople elles tournaient parfois à l'émeute.